"Ma vie, c’est un accident": quand Lou Deprijck racontait ses 1001 aventures

L'artiste belge Lou Deprijk est décédé, un mois après avoir accordé une interview qui prenait la forme d'un bilan de sa vie.

Lou Deprijck à Lessines, le 11 août 2023 ©JC Guillaume

L'information a été confirmée par la Dernière Heure: l'interprète, compositeur et producteur belge Lou Deprijck est décédé à l'âge de 77 ans. En proie à des problèmes de santé, l'homme à l'origine de "Ça plane pour moi" était dernièrement dans un hôpital bruxellois. Il apparaissait pourtant encore vigoureux lors d'une interview donnée à la DH en août dernier. Un moment d'intimité où il a accepté de revenir sur sa vie et sur les projets qu'il avait alors pour la fin de l'année 2023.

L'incroyable histoire de "Ça plane pour moi"

Évidemment, le grand coup de sa carrière, c'est le tube attribué à l'origine à Plastic Bertrand. Interrogé à ce sujet, Lou Deprijck confiait qu'un jour, le journaliste musical Bert Bertrand lui a dit "le premier qui fait un punk en français, c’est jackpot!". Le compositeur "avait du temps libre" alors il s'est lancé. De là a découlé "Ça plane pour moi", "avec le gimmick qui venait un peu d’une chanson de Michel Delpech, 'Tu me fais planer'". "Et moi, fou amoureux des Beach Boys, il fallait que je tape un truc derrière 'Wooh ouh ouh ouh !'".

Finalement, à sa grande surprise, alors qu'il était retourné chez lui à Miami, il reçoit un appel:  “Lou, il faut rentrer d’urgence car l’album est numéro 1”. La suite de l'histoire est connue. Le succès sera plus que confirmé et le tube, sorti en 1977, reste encore connu de tous aujourd'hui. "Toots Thielemans m’avait toujours dit ça: 't’es pas un grand chanteur ni un super producteur mais t’as un truc que les autres n’ont pas : le pif et l’oreille en même temps, c’est très rare !'. Je travaille au feeling. Ma vie, c’est un accident", conclut-il en souriant.

Quant au conflit d'intérêt entre lui et Plastic Bertrand, l'identité de l'interprète ayant fait débat, Lou Deprijck affirme à ce propos: "On s’est disputé au début des années 80 pour une question de… je prenais trop d’importance dans sa vie (sourire). Alors qu’il venait de m’ignorer pendant 3 ans ! Alors j’ai dit: j’arrête les frais, démerde-toi. Depuis, il a fait plein de disques et d’albums mais je ne crois pas qu’il y en a un… qui a traversé la cour". Quant à l'affaire judiciaire destinée à trancher sur le nom de l'interprète, le Lessinois confie qu'une enquête a été lancée, avec une analyse des voix qui a aboutit au rejet de la plainte de Plastic Bertrand. "Ils ont dit : Non, c’est Lou qui chante et on veut lui donner les droits. Il faut donc dire que ça s’enchaîne avec les trois premiers albums dont les titres 'Stop ou encore', 'Tout petit tout petit la planète', 'Affection', 'Sentimentale moi', etc".

"J’ai envie de vivre jusqu’au moment où je ne peux plus déconner"

Lou Deprijck ne gardera toutefois qu'une partie de la fortune amassée avec la musique. "J’ai perdu la totalité dans un krach boursier dans les années 90", raconte-il. "Je me suis refait parce qu’en revendant tout le catalogue pour Plastic Bertrand à Universal Music, ça m’a donné une poire pour la soif. Mais, en immeubles entre la Belgique, Miami et la Thaïlande, sans doute quelques millions d’euros". Il reprendra par exemple le musée du slip de Bruxelles, transféré depuis dans sa ville natale de Lessines, et plus précisément sur la Grand-Place, face à la statue de Magritte qu'il avait offerte à sa commune.

Loin de se montrer à l'article de la mort, le compositeur confiait en août dernier être sur le point de se marier "à Las Vegas, dans un mois et demi" avec une femme de 26 ans qu'il coachait dans le cadre de ses shows. Il prévoyait même de sortir une chanson en son honneur d'ici la fin de l'année. "Il n’est jamais trop bâtard pour bien faire. J’ai envie de vivre jusqu’au moment où je ne peux plus déconner, quoi", disait-il.

Finalement, son décès est arrivé plus vite que prévu. Interrogé sur le fait que le milieu du showbiz était emprunt de drogue et d'alcool, il répondait qu'il avait "un peu tout essayé". Il a notamment fini à l'hôpital après avoir consommé un thé avec des champignons. Mais dernièrement, il se montrait rassurant, en affirmant qu'il venait de passer "des tests assez poussés". "On m’a dit : 'vous êtes toujours vivant, c’est déjà pas mal ! Vous avez de bons gènes avec un papa de 97 ans, un oncle de 92 et une tante de 89'".

Néanmoins, il pensait déjà à sa mort, et notamment à la forme que pouvait prendre ses funérailles. "J’aime les tombes marrantes, du style: 'ci-gît Richard Machin, bon père de famille, grand copain, mauvais électricien'. On a tout compris. J’adore ce genre d’épitaphe. Moi, ça sera: ci-gît Francis Lou Deprijck, saltimbanque, mort le plus tard possible et tegen zijn goesting, contre son gré".

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