

Paru au printemps dernier, "Bye Bye Baby", troisième album de Requin Chagrin, est la bonne surprise rock venue de France. Originaire du Var, formée dans la scène garage underground locale avant d’être boostée par Nicola Sirkis (Indochine) qui l’a signée sur son label KSM, Marion Brunetto impose définitivement son univers, quelque part entre mélodies crépusculaires, dream pop et new wave.
Sous le Chapiteau des Nuits Botanique ce mercredi 15 septembre, elle a fière allure avec sa chevelure d’un blond immaculé, sa guitare électrique, son magnétisme discret et sa volonté d’imposer un vrai son de groupe (trois musiciens l’accompagnent en formule guitare-basse-batterie) alors que c’est elle qui se charge de tout en studio. Marion puise essentiellement dans son dernier album et il y a de la belle matière (Première Vague, Bye Bye Baby qu’on imagine bien sur le soundtrack d’un film de David Lynch, Déjà Vu, Fou, Perséides). Tout premier morceau conçu sous son nom de totem aquatique, Adelaïde laisse, pour sa part, supposer une écoute obsessionnelle de The Cure, ce qui n’est pas nous déplaire. On ne va pas comparer des pommes et des poires, mais avec "Fortitude" de Gojira, "Paradigmes" de La Femme et l’énorme "De Pelicula" de Laurent Garnier et The Limiñanas et ce délicieux "Bye Bye Baby", le rock français a décidément belle allure en 2021.
Après cinq ans d’absence et de quête intérieure, Nicola Testa effectuait son grand retour ce mercredi soir sous le Chapiteau des Nuits. Enregistré entre Bruxelles et Paris avec Remy Lebbos (Atome, RIVE), son nouvel EP entièrement chanté en français n’est attendu qu’en 2022, mais il en a présenté plusieurs chansons, dont le single Cœur Ko avec son refrain militant et ses rimes accrocheuses. Plus mélancolique dans le ton, on y sent les influences de la french pop des années 80, à commencer par Etienne Daho, mais aussi -et il n’y a rien de péjoratif, au contraire- celles de Patrick Juvet (l’excellent album "Rêves Immoraux" en 1982).
Inspiré du jeu de scène de Dave Gahan, Nicola Testa dans son beau pantalon de rock star glamour ne reste pas en place. Comme chez Mustii, sa gestuelle et ses amicales harangues portent leurs fruits, mais doivent parfois être canalisées pour ne pas tomber dans un maniérisme à l’extrême. Tout heureux de retrouver la scène dans une formule trio (avec claviers et batterie) qui envoie du gros son, Nicola a pu se rendre compte qu’il n’a pas été oublié et que les salves électro pop de son premier album "No More Rainbows" fonctionnent toujours bien sur scène. Il a assuré et il s’est rassuré. Top !
crédit photo Nicola Testa: Lou West
crédit photo Requin Chagrin: Mathieu Golinvaux