
En avant, marche ! au Théâtre de Namur

Pour ceux qui aiment connaître les mécanismes à l’œuvre dans la genèse d’un spectacle, il n’est pas vain de savoir qu’Alain Platel, avant d’être un artiste encensé, eut d’abord une formation d’orthopédagogue et qu’il travailla longtemps avec des enfants handicapés. Est-ce la raison de son goût pour des spectacles qui n’emploient pas toujours les matériaux habituels ?
Est-ce pour cela qu’il aime juxtaposer des univers culturels à cent lieues les uns des autres (ainsi de Coup Fatal -festival d’Avignon 2014- où des musiciens de Kinshasa chantaient du Gluck…) ? Est-ce pour cela qu’il adore créer de la beauté à partir d’un chaos ?
Avec En avant, marche ! le chaos des commencements est celui de musiciens de fanfare qui n’ont encore jamais joué ensemble. Aux metteurs en scène Alain Platel et Frank Van Laecke, au compositeur Steven Prengels enfin, d’ordonner cette cacophonie de notes, de mots et de gestes. Tous trois sont de vieilles connaissances : ils ont déjà travaillé ensemble au délicieux Gardenia, extravagant cabaret présenté à Namur en 2011.
Inutile de préciser qu’ils sont ici dans leur univers : Flamands, ils viennent d’un terreau où la fanfare est une vieille tradition culturelle.
Alors en avant marche ! Et que ceux qui voudraient voir, derrière l’éclat des cuivres, une métaphore de notre société où des hommes -et femmes- de bonne volonté veulent marcher en harmonie, que ceux-là ne s’en privent pas.