

Pourquoi faut-il aller votre Larguez les amarres, la pièce que vous avez écrite et que vous jouez au Théâtre Royal des Galeries?
Ça fait du bien une comédie pour démarrer la saison, non? Et puis, c’est une comédie à mon image - on rit, c’est un peu farfelu, un peu décalé. Ça aborde des questions contemporaines et on ressort avec la banane.
Des questions contemporaines… Lesquelles?
Celles de la filiation et des racines à tra vers la révélation de secrets de famille. Depuis la révolution des tests ADN, beaucoup gens retrouvent leur père biologique - un thème qui croise aussi la question de l’accueil des réfugiés…
Le Théâtre Royal des Galeries a-t-il jamais programmé une pièce écrite par une femme?
C’est une bonne question! Il y a moins d’auteures dans la comédie que d’auteurs… Alors, des autrices de comédies belges vivantes qui ont été montées aux Galeries, je pense qu’il n’y en a pas eu beaucoup. L’autre jour, David Michels (directeur du Théâtre des Galeries - NDLR) me disait: “Oui, mais il y a quand même eu Marcelle Dambremont!” À vérifier, mais je pense que c’était il y a très longtemps. Donc, je ne dirais pas que je suis la seule, mais il y en a vraiment très peu, et je suis contente d’être à cette place-là dans ce grand théâtre qui fait sa réouverture avec une création.
Après tous ces mois d’arrêt, ça fait quoi de retourner au boulot?
Première sensation, je me suis dit “Ici, c’est ma place”. Et puis, on a retrouvé le public avec qui j’ai ressenti une complicité et un amour après tous ces mois d’arrêt. Pour une fois, c’est bon de ne pas être que dans les problèmes - la maladie, les hôpitaux, la culpabilité…
Les gens reviennent au théâtre ou ils vous ont oublié?
J’avais très peur… Mais comme on vient de commencer à jouer, je ne peux encore dire, mais hier, il y avait beaucoup de monde, dans les limites des mesures sanitaires.
C’est embêtant des spectateurs qui rient derrière un masque?
Non, pas du tout, on entendait vraiment les réactions du public. En plus, on ne voit pas toujours les gens parce que la salle est dans le noir…
Est-ce difficile d’être comédienne aujourd’hui dans le théâtre belge?
En tout cas, pour ma génération, oui. On a toujours œuvré - et sans qu’on ne s’en rende compte - en louvoyant et en mettant en place des systèmes pour s’en sortir. La nouvelle génération s’en rend compte et élève la voix pour dire que ça ne va pas… J’ai 60 ans et à l’époque où j’ai commencé, pour une comédienne, il fallait trouver comment se faire entendre.
La chose la plus vexante entendue à votre propos dans votre métier?
Un jour, j’ai passé une audition pour une pièce où je devais jouer l’amoureuse d’un comédien assez grand et on m’a dit: “Tu es formidable, mais je ne peux pas t’engager parce que tu es plus petite que lui et ça n’est pas beau”.
Le plus beau compliment entendu?
Quand on me dit que je suis très naturelle ou quand on me demande si j’improvise mon texte.
Dans la pièce, vous jouez avec fils, Antoine Cogniaux. Est-ce bizarre?
Pas du tout, mais il faudrait lui poser la question à lui… Mais pas du tout, peut-être parce que j’ai beaucoup joué avec Bernard Cogniaux, son père et que jouer en famille, je connais. Et puis, dans le travail, je ne suis pas sa mère et il n’est pas mon fils.
Larguez les amarres. Jusqu’au 3/10. Théâtre Royal des Galeries, Bruxelles. www.trg.be