
TW Classic 2022: Nick Cave, passager de la pluie

Peu d’artistes sont capables d’une telle prouesse. Il n’a en effet fallu que quelques accord de l’intro incendiaire de Get Ready For Love pour que Nick Cave nous fasse oublier tout ce que nous avions vécu avant sa prestation sur le site de TW Classic ce samedi 25 juin. Et pourtant, il y a eu de grands moments durant cette édition 20e anniversaire. Comme s’il était possédé par le diable, comme s’il devait exorciser les drames qui le frappent (après la mort d’Arthur en 2015, il vient de perdre son deuxième fils Jethro, âgé de 31 ans), le chanteur australien âgé de 64 ans a pris d’assaut la scène de Werchter avec une énergie décuplée. Il s’est jeté au propre comme au figuré dans les premiers rangs. Donnant tout. Sans rien lâcher. Avec de l’électricité, de la tension mais aussi toute son élégance de dandy entertainer.
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Setlist de rêve

Nick Cave And The Bad Seeds. Copyright J.C. Guillaume
Le ciel crachait alors tout ce qu’il avait retenu de précipitations ces derniers jours. S’abritant tant bien que mal sous des ponchos, le public est pourtant resté jusqu’au bout de la nuit, jusqu’au bout du déluge, pour se délecter de cette prestation en forme de bilan. Après une tournée en salle intimiste avec son fidèle instrumentiste Warren Ellis centrée autour de leur excellent album commun "Carnage", dont ils encore joué deux extraits (Carnage, White Elephant) ce samedi, Nick Cave offre cet été un best of à haute valeur ajoutée. Epaulé par ses Bad Seeds au four et moulin, Cave sort le grand jeu. Et les grandes chansons : From Her To Eternity, Tupelo, Red Right Hand, The Mercy Seat et son crescendo imparable, The Ship Song, Into My Arms… Un setlist riche en nuances pour un concert dont l’intensité n’a jamais faibli. La claque, la classe…
La moustache de Brian Molko

Placebo. Copyright J.C. Guillaume
On ne pourra rien dire de la prestation de Florence + The Machine dans un chapiteau Barn plein comme un œuf car Placebo jouait au même moment sur la grande scène. Yes, choisir c’est aussi renoncer. Comme ils l’avaient fait au Botanique en mai dernier, Brian Molko (et sa belle moustache à la Zapata) et son comparse Stefan Olsdal ont mis le paquet sur leur nouvel album Never Let Me Go, notamment avec les épiques Beautiful James, Forever Chemicals et Happy Birthday In The Sky déjà validés par leur public. En fin de set, Placebo a exhumé quelques tubes (magnifique Too Many Friends, Special K, For What It’s Worth), concluant un concert très (trop) propre par la reprise plus que jamais tendance de Running Up That Hill de Kate Bush.
Thom Yorke de bonne humeur

The Smile Copyright J.C. Guillaume
Avec Nick Cave, c’est The Smile qui nous a le plus bluffés ce samedi. Nouveau projet emmené par Thom Yorke et Jonny Greenwood de Radiohead, associé à Tom Skinner, batteur de la géniale formation néo-jazz anglaise Sons Of Kemet, The Smile refuse tous les compromis avec une prestation rock implacable. Pas de tube de Radiohead ici, que du nouveau matériel puisé principalement dans le tout frais et recommandable "A Light For Attracting Attention" paru en mai dernier. Thom Yorke passe de la basse à la guitare, de la guitare au piano. Jonny multiplie aussi les prouesses (il joue même de la basse avec un archet) et Tom Skinner, avec une batterie bien mise en avant sur la scène, impose son groove. Une formule trio qui s’offre des espaces de jeux extrêmes (la ballade pop The Smoke avec un chant aérien, le rock rageur You Will Never Work In Television Again). Encore mieux même si les absents ne vont pas nous croire : Thom Yorke a souri et à même dit "dank u".
Courtney et les autres

Courtney Barnett Copyright J.C. Guillaume
En début d’après-midi, avant le rock indé toujours bien foutu de l’Australienne Courtney Barnett , Whispering Sons a particulièrement bien tiré son épingle du jeu. Emmenée par la chanteuse Fenne Kuppens à la voix délicieusement caverneuse, la formation limbourgeoise impose sa vision 2.2 d’un post-rock qui ne manque pas de relief comme le témoigne son recommandable deuxième album "Several Others".
Un micro, un laptop, deux canailles mal rasées. Sleaford Mods, le combo de Nottingham a fait, pour sa part, le job sans rien ajouter de plus à sa formule minimaliste qui semble convaincre les premiers rangs. Avec nonchalance, des beats remuants et son accent à couper au scalpel, Jason Willamson balance ses critiques sociales acerbes pendant cinquante minutes et s’en repart au prochain concert avec le sentiment du devoir accompli. Well done…