
Un Stromae magistral en apothéose de cette 15ème édition des Ardentes

Dans la cour des festivals, il y a des artistes qui viennent pour récolter le cachet avec une formule XXS, un micro, deux de tension et à la limite un backeur. Et puis il y a les autres, dont la seule mission est d’illuminer le public et de leur laisser un souvenir impérissable. Vous voyez où je veux en venir : Stromae fait clairement partie de la deuxième catégorie. Un exemple en termes de générosité et c’est assez rare pour le souligner. Tête d’affiche de ce dernier jour des Ardentes, l’ami Paul a drainé une foule incroyable. On pensait avoir vu beaucoup de monde sur le nouveau site du festival les jours précédents, mais rien de comparable à ce dimanche soir, où même les back-stages et le VIP affichaient sold-out. C’est la loi de l’attraction : quand Stromae est là, tout le monde veut en être aussi.
La lecture de votre article continue ci-dessous

Stromae aux Ardentes ©Mathieu Golinvaux
Une arme fatale
Son arme fatale -au-delà de ses talents de musiciens évidemment- c’est son sourire. Sur écran géant pour les derniers rangs, comme de près pour les motivés qui se sont glissés au plus proche de la scène, il rassemble. Parce qu’il est franc ce sourire, c’est celui d’un mec toutes dents dehors qui prend son pied et qui veut le transmettre. Et d’emblée, la foule le lui rend bien. Un état général de plénitude transpire dans cette marée humaine composée de 50.000 personnes. Et croyez-le d’expérience, il faut le faire un dernier soir de festival, après une édition épuisante. Autour de nous, personne n’a l’air de se demander s’il a bien ses clefs de voiture pour rentrer ou si sa tente est correctement rangée dans le camping. Au contraire, tout le monde est captivé.

Stromae aux Ardentes ©Mathieu Golinvaux
OrelSan en guest
La scénographie du show y est aussi pour beaucoup. Magistral, avec ses écrans géants, son jeu de lumière puissant, son double en image de synthèses et le talent de ses musiciens, Stromae déroule les morceaux de Multitude, son album sorti le 4 mars dernier, mais aussi quelques classiques de son répertoire. Comme un pied de nez aux années passées, il démarre sur un Invaincu puissant, qui donne le ton du spectacle à venir. On y entendra Fils de joie, Tous les mêmes, puis le diptyque Mauvaise journée et Bonne journée, qui nous mènent en direct à La Pluie. Une heure plus tôt, Stromae avait rejoint OrelSan sur The Big Eye, la deuxième plus grande scène du festival, pour livrer le refrain de ce titre devenu emblématique. Le rappeur français lui rend la monnaie de sa pièce et le retrouve à son tour pour faire vivre ce morceau en version XXL. C’est qu’à entendre 50.000 personnes qui hurlent « Mais chez moi il fait beau » on en aurait presque des frissons.

Stromae pendant le concert d'OrelSan sur La Pluie ©Mathieu Golinvaux
"Ca va, ce n'était pas trop nul?"
Pour comprendre la personnalité de Stromae, il faut aussi s’attarder sur ses petites phrases, son échange avec le public. Débarqué sur un « Comment ça va Lièchhhe » avec un énorme accent belge, l’artiste demande après quelques morceaux « Ca va, ce n’était pas trop nul ? ». Non Paul, jusqu’ici tout va même plutôt très bien. Encore plus sur Papaoutai, dont l’écho du public a dû résonner jusqu’à la frontière des Pays-Bas. Sans parler de Formidable, où même les écrans lights se sont désordonnés pour simuler un taux d’alcoolémie trop élevé. L’hystérie est collective et monte crescendo, jusqu’à la choré de Santé, expliquée pas à pas par une voix d’hôtesse de l’air. Un final porté évidemment par un hymne, Alors On Danse, toujours aussi efficace. Et ça même en version ralentie, celle popularisée par TikTok, que Stromae délivrera aussi. Difficile de faire mieux. Merci le Maestro. Retour à la réalité et maintenant, c'est le moment de se demander si on n'a pas perdu nos clefs.

Stromae aux Ardentes ©Mathieu Golinvaux