
Festival Hear Hear!: Liam Gallagher en bermuda, grosses guitares, petite foule

Bermuda en jeans, parka XXL fermé jusqu’au cou, chapeau bob taille small. Looké ainsi, sous 35 degrés de température, Liam Gallagher ressemblait plus à un pécheur qui venait de lever une truite dans le canal Albert plutôt qu’à une rock and roll star. C’était pourtant lui, le cadet de la fratrie mancunienne, qui s’imposait comme la grosse attraction de cette première édition du Hear Hear ! Festival qui s’est tenue ce dimanche 14 août, à Kiewit, sur le site du Pukkelpop (qui a lieu du 18 au 21 août) dont il est un satellite à fortes consonances rock.
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Liam monte sur scène sur le coup de 20h00. On se croit alors à un match de foot à l’Etihad Stadium de Manchester City. Chants de supporters, gobelets de bière qui volent, bande-son qui passe du Stone Roses, applaudissements à tout rompre dès que le public reconnaît un morceau d’Oasis...Liam a pourtant sorti trois disques solo et le petit dernier, "C’Mon You Know" est même de très haute facture. Avec son groupe pléthorique (guitare, basse, claviers, batterie, choristes), il en interprète trois extraits : Better Days, Diamond In The Dark et More Power. Trois magnifiques ballades mid-tempo où il montre qu’il n’a rien perdu de son aisance vocale.

Liam Gallagher. Belga
Oasis, c’est bon, c’est frais
Les mains dans le dos ou agitant ses maracas, il reste planté derrière son micro. Avec lui, pas besoin de show. C’est Liam. Et il n’y a rien de mieux que lorsque Liam fait son Liam. Nonchalance, charisme, désinvolture. Malin comme une teigne, il sort les classiques d’Oasis aux moments opportuns. Soit au début, au milieu et à la fin du set. C’est ce que tout le monde espère. Et c’est ce que tout le monde obtient. Morning Glory, Rock ‘n Roll Star, Roll It Over, Slide Away et la triplette imparable formée de Cigarettes & Alcohol, Wonderwall et Champagne Supernova. Nostalgie ou pas, on s’en fout: ça fait du bien dans les oreilles.
La relève rock
Pour le reste, on s’est trompé. Non, le Hear Hear ! n’est pas un festival de vieux. C’est un festival intergénérationnel pour les fans de guitares qui ne veulent plus claquer 200 boules pour un grand- messe estivale où le rock est noyé dans une programmation urbaine ou électro comme c’est désormais le cas au Pukkelpop ou au Dour Festival. Ce ne sont que des jeunes, du reste, qui forment les premiers rangs pour les concerts de Sons et des Limbourgeois Whispering Sons. Deux groupess belges. Deux formations qui, certes, n'inventent rien mais donnent leur propre vision d'un rock à guitares sans concession. Deux formations signées sur le label indépendant Play It Again Sam. Et sans aucun doute, c'est ce qui se fait de mieux dans le genre sur la scène actuel.

Sons Photo Belga
Sons, tout d'abord, impressionnant avec son garage punk énergique joué par des représentants de la génération Z mêlant sueur, tatouages et désinvolture. Et on aime ça autant que Fenne Kuppens, la chanteuse androgyne de Whispering Sons. Ici on est davantage dans une cold-wave aux rythmiques sombres et aux vocalises lumineuses. Mouvements amples, regard ne laissant transparaître aucune émotion, Fenne capte toute l'attention du public et semble se trouver dans un autre monde -le sien dont elle laisse finalement peu transparaître les contours dans ses textes- tout au long de sa prestation. Du grand art. Le dernier album de Sons s’intitule "Sweet Boy" et celui de Whispering Sons "Several Others". Si ce n’est encore fait, foncez les découvrir sur les plateformes, même si c’est en live que les deux groupes se montrent les plus pertinents.
Et la suite. Grosso modo, Pixies et Balthazar (avec toujours cette très longue version de Fever) ont livré les mêmes concerts qu’à Rock Werchter. Disparu des radars, la formation rock de Washington D.C Girls Against Boys (qui a écrit l’histoire du Dour Festival dans une autre millénaire) a livré un set implacable, nerveux et sans autre enjeu que celui de jouer du rock sans concession. Des remarques qui valent aussi pour le concert frontal de l’ex-Sonic Youth Thurston Moore.
Quid de 2023 ?
Editors reste, pour nous, un mystère. Sur n’importe quel territoire, y compris son Angleterre nationale, Editors a le statut d'un bon groupe de division 2, développant sa vision d'un rock épique, mélodique et romantique. Mais en Flandre, c’est énorme. A la veille de la parution de son nouvel album EMB (23/9) sur lequel les synthés sont plus présents et d'un concert à Forest National prévu le 26 octobre, Editors était la tête d’affiche de cette première édition du Heah Hear! qui a attiré 12.000 personnes. Déjà réduit à une portion congrue par rapport au Pukkelpop normal (trois chapiteaux ouverts alors que le Pukkelpop compte sept scènes) le site pouvait en accueillir le double. Tout bénéfice pour le public qui avait de l’espace pour circuler et ne faisait jamais la queue longtemps. Mais nous ne sommes pas certains que les organisateurs s’y retrouvent financièrement. Interrogés par la VRT, ceux-ci se montraient pourtant satisfaits mais voulaient attendre une évaluation complète de cette première édition avant de décider de poursuivre ou non cette aventure d’un festival satellite d’un jour.

Hear Hear Festival! Photo Belga