
Le Pukkelpop est-il devenu un repère de flamingants ?

Nathanaël avait imaginé un autre festival. Ce Verviétois de 21 ans, étudiant au Conservatoire et, métis - il faut malheureusement le préciser - était venu en Campine avec son ami Pierre pour un week-end de musique et de bonnes vibrations. Ce n'est pas exactement ce qu'ils ont reçu.
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Comme il l'a expliqué à la RTBF, les premiers incidents ont commencé au camping du festival : « On s’est posé justement à côté d’un complexe de tentes où il y avait un drapeau flamingant, par hasard en fait. On a reçu des insultes et des chants anti-wallons pendant toute la nuit. Des gens nous ont insultés en nous disant qu’on ne parlait pas français ici, que c’était seulement le néerlandais, et que pour le reste, il fallait dégager. Pire que ça, on est venu uriner sur notre tente et on a dit à mon meilleur ami : soit vous bougez la tente, soit on vous bougera nous-mêmes à midi ». Ambiance...
D'autres événements ont eu lieu durant les concerts. On l'a traité de « nègre » et quelques autres gestes amicaux ont suivi : « Au concert de Pendulum, il y a des gens qui sont allés au milieu et qui ont commencé à faire des saluts nazis jusqu’à ce qu’ils me regardent droit dans les yeux en imitant la moustache d’Hitler et en refaisant un salut nazi ». Après cette expérience, Nathanaël a décidé de porter plainte pour discrimination et injures racistes.
Pas la première fois au Pukkelpop
Ce qui ne pourrait être que des événements isolés a tendance à se répéter au Pukkelpop. En 2018, deux jeunes femmes noires ont été agressées durant le concert de Kendrick Lamar à coups d'insultes et de chants néo-colonialiste : « Handjes kappen, de Congo is van ons » (« Coupons des mains, le Congo nous appartient »). Un an plus tard, la militante écologiste Anuna De Wever a été sifflée lors de son discours sur scène et harcelée dans le camping avec des bouteilles d’urine jetée sur sa tente et d'autres joyeusetés ont été rapportées.
Depuis quatre ou cinq ans, le camping du Pukkelpop semble être devenu un repère de très jeunes (entre 16 et 20 ans) militants du Vlaams Belang. Le parti raciste, xénophobe et nationaliste a décidé que le festival serait son terrain : il y envoie des groupes de jeunes du parti distribuer des drapeaux flamingants comme au Tour de Flandres. Le camping devient un territoire VB où il ne fait pas bon parler français ou être d'une autre couleur que le blanc pâle...
Le Pukkelpop, terrain de jeu du Vlaams Belang
Le Pukkelpop, qui se targue d'avoir une programmation diversifiée et prône la tolérance et l'ouverture d'esprit, est forcément ennuyé. En 2019, les organisateurs du festival avaient cherché à confisquer les « drapeaux de la collaboration » dans le camping. Mais le bourgmestre N-VA de Hasselt, Steven Vandeput, ancien ministre fédéral de la Défense, avait considéré qu'il s'agissait là « d'une insulte faite à [son] symbole ».
La même année, Bart Claes, le président des jeunes du Vlaams Belang expliquait la stratégie du parti : « Nous voulons associer le sentiment flamand à des événements sympas, afin de mieux instiller le concept d’identité flamande au sein de la population. La différence est déjà visible par rapport à il y a dix ans. À l’époque, la jeunesse flamande avait encore honte de cette identité ». Trois ans plus tard, le Vlaams Belang semble bien installé au Pukkelpop.