
The Weeknd au stade roi Baudouin: un concert d’extra-terrestre

Précédé d’une trentaine de danseuses entièrement recouvertes de blanc, Abel Tesfaye, alias The Weeknd, apparaît masqué dans un skyline gigantesque. Il est alors 21h ce mardi 11 juillet au stade roi Baudouin. Exactement deux heures plus tard, il quitte cette même scène, tout sourire et visiblement ému. Le public l’ovationne. Cinquante mille bracelets, façon "Coldplay", scintillent dans la nuit. Au niveau du rond central de la pelouse, une statue géante brille de milles éclats. A l’autre extrémité, une (fausse) lune géante et rougeâtre tourne sur elle-même.
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C’est beau. C’est fou. C’est poétique. C’est féérique. C’est unique. En 2023, qu’on se le dise, en terme de spectacle et de machine à tubes, il y a The Weeknd loin devant et puis tous les autres. Et on ne fera sans doute pas mieux avant la venue l’année prochaine (aux portes de la Belgique) de Taylor Swift.
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Véritable juke-box live

The Weeknd au stade roi Baudouin. Crédit Ennio Cameriere.
En 120 minutes, le Canadien a interprété trente-cinq morceaux. Des hits (Take My Breath, Starboy, After Hours, I Feel It Coming, Die For You, The Hills, Blinding Lights), notre chanson préférée de tout son répertoire (Save Your Tears), mais aussi des titre moins évidents et des nouveautés tirées du soundtrack de la très polémique série (plus ratée que sulfureuse) The Idol.
Il fait de l’air guitar, pousse sa voix falsetto dans des notes que peu sont capables d’atteindre, chante des ballades sans tomber dans le sirupeux, fait de la pop feel good, balance une bombe techno en tout début de set (Sacrifice), reprend en français Laisse Tomber les filles de France Gall (dans Montréal), claque une version langoureuse du Dirty Diana de Michael Jackson, rend hommage à Kayne West avec Hurricane et cite longuement cité le Happy House de la gothique Siouxsie and The Banshees dans House Of Ballons.
Bref, un implacable juke-box live servi sans temps mort et sublimé par une pléthore de musiciens, aussi efficaces que discrets, tous planqués qu’ils sont dans ce décor mariant les gratte-ciels de New York à ceux de Toronto, la ville natale d’Abel Tesfaye.
Dawn FM, un "voyage à travers un cataclysme cosmique"

The Weeknd au stade roi Baudouin. Crédit Ennio Cameriere.
Cet After Hours Til Dawn Tour est présentée par son auteur comme "un voyage à travers un cataclysme cosmique qui tourmente la terre". Dans ce décor qui croise le Blade Runner de Ridley Scott au Voyage dans la Lune de George Méliès, The Weeknd avance masqué durant la première moitié du show. La grande idée visuelle n’est pas tant le skyline décrit plus haut que la structure scènique perpendiculaire qui travers le stade sur toute sa largeur.
Le plus souvent, l’artiste se trouve au milieu du dispositif. Il y a beaucoup de danseuses mais finalement peu de chorégraphies, des effets pyrotechniques à la Rammstein et des jeux de lumières élégants.
Roi des plateformes de streaming, The Weeknd n’hésite pas non plus à avancer en mode TikTok. Parfois, il se contente d'un un refrain (Kiss Land) avant de passer directement à la plage suivante. Le spectacle est réglé minutieusement comme tous les shows de stade, mais le Canadien ajoute aussi des moments plus décalés et chante divinement bien.
Devant l’hystérie de la foule , il joue le mec qui titube et manque de s’évanouir. Il lance du Bruxelles, parle dans la langue de Stromae et propose surtout un mélange musical d’une redoutable efficacité. Ses deux derniers albums ("After Hours" et "Dawn FM") sont les plus visités et l’hystérie collective suscité par le tir groupé de Save Your Tears et Blinding Lights fait partie de ces moments qu’on n’oubliera pas de sitôt. Yep, il reste encore quelques places pour le show de ce mercredi. Pour nous, c’était juste grandiose.

The Weeknd au stade roi Baudouin. Crédit Ennio Cameriere