Dour 2023 : Damso crée l'évènement avec un invité spécial, le festival se clôture sur un record

Entre Denzel Curry, Aphex Twin, les Lambrini Girls et Damso, cette 33ème édition du festival de Dour se clôture avec une bonne grosse dose d’amour.

Damso à Dour 2023 ©Mathieu Golinvaux
Damso à Dour 2023 ©Mathieu Golinvaux

« J’ai rechargé de 30 euros mon bracelet cashless, mais il ne me reste que 2,16 Douros, je peux acheter quoi avec ça ? » Voilà une phrase que seul un des 240.800 festivaliers présents sur la plaine du festival pour cette 33ème édition peut comprendre. Quoi que, c’est même pas sûr. Parce que s’il y a bien un problème mathématique qui nous a pris la tête tout le week-end à Dour, c’est d’assimiler à quoi équivalait la monnaie de l’évènement. Et combien de boissons on pouvait acheter avec ça.

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Vous allez probablement penser à la lecture de ces lignes qu’il y a pire dans la vie et franchement vous avez raison : c’était une chance incroyable de faire partie des 50.000 festivaliers qui ont foulé la plaine hennuyère chaque jour. Pourquoi ? Élémentaire mon cher Watson et les raisons de notre satisfaction sont multiples. À commencer par le public, plus déjanté qu’ailleurs, qui sait vraiment mettre l’ambiance. Même quand il cuve son trop plein de bières sur un banc, le festivalier de Dour le fait avec un certain style, déguisé en licorne, affalé de tout son long dans ses paillettes.

Dour a su se différencier, une nouvelle fois, grâce à un site très agréable. On l’a déjà écrit et on le répète, mais il y a de l’espace, des zones chill dans tous les sens, la possibilité de bouger d’une scène à l’autre sans devoir jouer des coudes et tenter un croche-pied au mec qui pousse derrière. Il est finalement assez rare de devoir aller faire la file pour manger, sauf si vous avez choisi de vous sustenter au stand de croque-monsieur géants qui a sans doute rameuté autant de monde que le concert d’OrelSan. Mais il y a des priorités dans la vie : manger du fromage fondu ou pogoter, il faut choisir.

Ambiance - Dour 2023 ©Mathieu Golinvaux

Ambiance - Dour 2023 ©Mathieu Golinvaux

Du punk bien sale en passant par le déguisement de fée clochette

En parlant de pogoter, l’autre joie qui tend à se perdre avec la spécialisation des festivals, c’est de pouvoir profiter de plusieurs genres musicaux différents dans la même journée. Du rap français hardcore, du rock bien saturé, de l’électro sauvage et de la pop éthérée ? Tout ça, c’est visible et audible à Dour. Un petit jeu d’ailleurs, c’est de reconnaître au style vestimentaire qui est venu voir quoi : la coupe mulet et le k-way fluo, les fans du Labo et de La Petite Maison dans la Prairie. Les paillettes partout et les pantalons fluides transparents : les aficionados de la Redbull Elektropedia. Le déguisement de fée clochette : tout, rien, ses potes… ahh il est parti. Et ça fait du bien de pouvoir changer de registre et de découvrir des groupes hors de notre zone de confort.

Lambrini Girls ©Mathieu Golinvaux

Lambrini Girls ©Mathieu Golinvaux

Un exemple ce dimanche, avec le choc Lambrini Girls, un groupe de filles originaires de Brighton. De la dégaine, du punk et des décibels, voilà la formule gagnante livrée dans le Garage, la scène rock du festival, avec un chapiteau revenu du site avant-éoliennes. Inspirées par des groupes comme Bikini Kill, Le Tigre, les Spice Girls et une colère bourrée d’auto-dérision, elles ont imposé leur énergie d’emblée en commençant par un stage dive et une plongée directement dans la foule. Un show qui nous a requinqués pour la suite de l’après-midi, avec l’envie d’aller hurler en mini-jupe « Qu’est-ce qu’il y a ici ? »

Denzel Curry - Dour 2023 @Mathieu Golinvaux

Denzel Curry - Dour 2023 @Mathieu Golinvaux

Côté Last Arena, la main stage de l’évènement, c’est le rappeur américain Denzel Curry qui revenait conquérant pour sa troisième fois au festival de Dour. Autant vous dire que l’évènement semble l’avoir marqué, puisqu’il connaissait par cœur le cri du festival et la manière d’ambiance le public en hurlant « Doureuuuh ». Avec un petit accent américain en prime, ça fait toute la différence. Bob vissé sur le crâne, baggy léopard et smile XXL, l’artiste propulsé en 2015 par le morceau Ultimate a frappé fort, en allant piocher des morceaux dans une discographie déjà très riche pour son parcours, sous le soleil et les applaudissements. Accompagné d’un beatmaker très remuant, Denzel Curry a déroulé son phrasé si particulier, qui mêle cloud rap et hip-hop plus classique pour un résultat mélodique et positif. Un vrai show à la hauteur de la réputation de bête de scène qu’il a gagné avec les années.

Damso à Dour 2023 ©Mathieu Golinvaux

Damso à Dour 2023 ©Mathieu Golinvaux

Le boss, Damso

S’il y en a une autre, de bête de scène, qui a fait déplacer les foules ce dimanche soir, c’est évidemment Damso. Le rappeur belge, également présent pour la troisième fois au festival de Dour, est apparu en grande forme sur Nwaar is the New Black pour clôturer le festival. La nouvelle égérie de Jacquemus (il portait d’ailleurs un pantalon signé par le créateur) a fait vibrer le public avec plus d’enthousiasme que pour sa prestation solo au Palais 12 en décembre dernier. Et c’est pas rien de l’écrire : les versions festivals sont parfois moins marquantes que les concerts de tournées dites « classiques ».

Patron sur ses terres, William Kalubi l’a répété à de nombreuses reprises au public massé devant lui « Franchement merci beaucoup, vous êtes chauds et ça me chauffe, je transpire plus que d’habitude. » Ça peut se comprendre, au vu du dispositif pyrotechnique installé pour appuyer la présence du Dems : à chaque punchline, une jetée de flammes. Plus étonnant par contre, pour mieux faire profiter au dernier rang des cartouches dégainées coup sur coup, l’artiste était constamment filmé par un drone, qui virevoltait autour de lui avec une aisance folle : chapeau au pilote.

Un invité très spécial

Damso à Dour 2023 ©Mathieu Golinvaux

Damso à Dour 2023 ©Mathieu Golinvaux

La volonté de Damso, ce soir, c’était clairement de faire du sale. Comme à son habitude, il était seul en scène : pas besoin de backeur, l’artiste préfère laisser au public la possibilité de terminer ses phrases. Quitte à parfois oublier de chanter et profiter de l’immense chorale rassemblée devant lui. D’Ipséité à Lithopédion en passant évidemment par QALF et tous ses featurings plus ou moins récents, comme ceux qui le lient à Gazo, Aya Nakamura ou encore Disiz (à qui il a d’ailleurs livré un bel hommage), le rappeur bruxellois s’est laissé porter. Si on devait souligner un bémol, ce serait peut-être celui-là, de ne pas l’avoir assez entendu finalement.

On retiendra ses classiques Feu de bois, Macarena scandé par le public, l’incroyable BXL Zoo (sans Hamza, mais un jour viendra) ou encore 911. Et puis juste avant de livrer Morose, la venue d’un invité très spécial quand même : son fils, qu’on entend notamment sur 2 Toiles de Mer, qui a fait une incursion express sur scène avec un de ses amis. Un live qui s’est terminé sur l’incroyable Mosaïque Solitaire, dans lequel on entend toujours cette phrase, qui date de ses débuts « C’est pas très bon, m’a dit coach Elie » en référence à son ancien mentor, Booba. Comme un clin d’œil à son audience et une manière de mesurer le chemin parcouru depuis.

Notre note finale du concert de Damso ★★★☆

Damso - Dour 2023 ©Mathieu Golinvaux

Damso - Dour 2023 ©Mathieu Golinvaux

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