Dour Festival et ses histoires déjantées : "On a déjà eu des demandes en mariage, ou même une photo de noces"

Véritable acteur du festival, le public contribue à façonner l'image de Dour, comme nous l'explique le community manager de l'événement. Plongeon dans une des communautés les plus actives des festivals.

Festivaliers à Dour
Des festivaliers à Dour, le 13 juillet 2022 ©BelgaImage

Du 12 au 16 juillet prochain, le festival de Dour fera son grand retour et des dizaines de milliers de personnes vont à nouveau se retrouver dans les plaines situées entre Mons et Valenciennes. Bien sûr, tous les yeux seront tournés vers les artistes qui animeront ces cinq jours de fête. Une programmation musicale riche qui est toutefois déterminée par un élément essentiel, rarement mis sous le feu des projecteurs: le public.

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"Entre les fans de métal, de rap, de reggae, etc., on a plein de niches communautaires qui vont avec l'ADN musical du festival, et je pense que Dour est un festival à part du fait de cet esprit multigenre", déclare Loïc. Chargé de la communication digitale autour de l'événement, il est aux premières loges pour attester de ce lien spécial qui unit Dour avec ses festivaliers. Car c'est en récoltant leurs avis et en tissant des liens particuliers avec ces derniers que le festival évolue et se reformate. Des liens complexes qu'il nous explique en détail pour mieux comprendre cette recette magique qui fait le succès de ce rendez-vous annuel.

Tisser des liens forts avec chaque sous-communauté

Le premier objectif pour avoir un bon festival, c'est d'abord d'inclure tout le monde. Puisque Dour est intrinsèquement polymorphe, avec près de 15 sous-communautés identifiées, le premier défi est donc que personne ne se sente délaissé. "Toutes ces sous-communautés se retrouvent à Dour qui représente une sorte de ville. Le camping ferait ainsi office de place du village où tout le monde se retrouve pour passer cinq jours ensemble", précise Loïc. Dans le cadre de son travail, "notre équipe de communication peut s'adresser à une cible plutôt qu'une autre, mais on fait en sorte de parler à tous".

Pour s'assurer du bon déroulement de cette mission, l'équipe de communication tisse des liens avec chacun de ces groupes, notamment via des fans particulièrement actifs. "Il y en a à qui on écrit quasi quotidiennement. On les connaît, ainsi que leurs goûts musicaux", confirme-t-il. C'est comme cela qu'une relation spéciale s'est par exemple créée avec un passionné de techno qui vient à Dour depuis près de 20 ans. "Le community manager lui a carrément a loué un van", nous fait même savoir l'attachée de presse. "Lorsqu'on fait une annonce d'artistes sur la techno, on lui fait tout de suite un message pour savoir s'il a aimé l'annonce, puis il nous fait des retours", ajoute le directeur de la communication digitale.

En opérant de la sorte, il existe près d'une dizaine de personnes de référence pour les organisateurs du festival. Celles-ci sont particulièrement actives sur les réseaux sociaux et s'occupent même parfois de gérer la modération à la place de l'équipe de communication, notamment afin de défendre l'événement. "Elles commentent toujours nos publications et du fait de nos relations, elles comprennent beaucoup mieux les backstages du festival. Ce sont de véritables ambassadeurs".

Les réseaux sociaux pour s'adresser à la base

Dans cette logique d'inclusion où tout le monde doit se sentir écouté, l'autre challenge est de parler à la base de la communauté de Dour, dans toute sa diversité. Plusieurs pistes sont pour cela explorées, au premier rang desquels on trouve les commentaires sur les réseaux sociaux. "On voit comment les gens réagissent et s'il y a quelque chose qui les dérange, puis on fait remonter tout cela à l'équipe de direction du festival qui décide ensuite d'améliorer ces aspects. C'est comme cela qu'on a décidé de changer de place certaines scènes, parce qu'on avait remarqué qu'il y avait des critiques sur deux scènes dont les sons clashaient. Puis on est aussi attentif à l'intensité de la réponse communautaire face à tel ou tel aspect".

C'est notamment de cette façon que sont déterminées les activités proposées durant ces jours de fête. Si l'une d'entre elles a eu du succès lors des éditions précédentes, celle-ci sera plus facilement reproposée par la suite. Dans cette logique, plusieurs nouveaux projets sont proposés chaque année. "En 2022, on a par exemple misé sur le CampFest en mobilisant un groupe Telegram où on publiait des photos d'instantanés et des infos plus directes, sans que cela ne passe par un canal plus formaté. C'était plus humain et familial comme communication. Puis on donnait par exemple sur Instagram les résultats du tournoi de volleyball, ou on informait du commencement de l'apéritif de produits locaux, etc.".

Des comptes alternatifs ont également été créés sur les réseaux sociaux pour garder la communauté active tout au long de l'année. C'est le cas de "Spotted: Dour Festival" qui récupère des messages de personnes qui ont fait de belles rencontres lors du festival mais qui n'arrivent pas à retrouver leurs nouveaux amis une fois l'événement terminé, celles-ci ayant oublié de s'échanger leurs coordonnées. "C'est arrivé quelques fois qu'on arrive à reconnecter des personnes de cette façon, même si je ne pense pas qu'il y ait des couples qui se soient formés comme ça".

"L'ADN de Dour, c'est d'être 'open source'"

Il existe malgré tout de belles histoires d'amour écrites au festival. "On a déjà eu des demandes en mariage, ou même une photo de noces en plein festival", confirme Loïc. Ces histoires personnelles reflètent une autre force qui entretient la vitalité du festival de Dour: les fans ont un esprit décalé, ce qui est devenu une caractéristique essentielle de l'événement. "Parfois, des anecdotes peuvent produire de véritables mouvements si c'est quelque chose de très drôle. On a eu le cas d'un groupe de 15 personnes qui a décidé de se mettre des chaises sur la tête, puis cela a essaimé et pris une toute autre dimension. Dour est un terreau fertile pour ce côté 'déconne'. Il y a également beaucoup d'autodérision et de second degré dans l'esprit du festival, et on joue de ça nous aussi".

 

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Le directeur de la communication digitale insiste d'ailleurs sur ce point: "l'ADN de Dour, c'est d'être un peu 'open source', et on invite les festivaliers à se l'approprier. La star de Dour, c'est clairement le public". Il existe ainsi des initiatives qui ne viennent pas du tout des organisateurs et qui participent à faire vibrer la communauté de Dour. "Une personne a par exemple créé un bot qui répond automatiquement sur Twitter à la question 'Est-ce que c'est bientôt Dour?'. Il a même créé un site dédié à ce compte-à-rebours. Évidemment, notre équipe crée du contenu mais nous sommes aussi alimentés par la communauté".

Une atmosphère détendue qu'il faut préserver

Reste qu'il faut aussi s'assurer que cette bonne ambiance soit préservée. Pour cela, il faut évidemment que tout le monde se respecte. Mais sur les réseaux sociaux, cette harmonie peut être mise à mal. C'est l'un des plus grands défis de l'équipe de communication. "Par exemple, ce n'est pas parce qu'on adore spécifiquement la techno que l'on peut râler contre les artistes qui font du rock. Dour est là pour que chacun et chacune vive son expérience personnelle, à la fois à travers les artistes mais aussi via les personnes rencontrées. Tout cela doit se faire dans la bienveillance et l'équipe digital représente en ce sens une des premières vitrines du festival".

Il n'est par ailleurs pas toujours simple de répondre à toutes les demandes et critiques qui sont faites dans les commentaires. "Il y a des choses qui sont forcément liées à un contexte et que l'on ne pourra peut-être jamais mettre en place à Dour. Puis à l'inverse, il y en a qui ne peuvent pas être faites ailleurs alors qu'à Dour, cela peut se mettre en place", soutient Loïc. Mais globalement, il assure que tous les messages sont lus, tout en essayant de répondre à un maximum de personnes. "Dans tous les cas, on essaye de faire ça le plus humainement possible. Cela prend du temps mais il y a aussi beaucoup de questions récurrentes et faciles à traiter".

Des ambassadeurs autant chez les artistes que parmi le public

Enfin, outre les fans, quelques artistes font également partie intégrante de la communauté. Certains ont été d'abord festivaliers avant de monter sur scène, et il y en a qui ont une relation toute particulière avec l'événement. "Cela facilite nos rapports, de part de cet affect qu'ils ont. On sait que sur l'ensemble des artistes présents à Dour, on ne va pas pouvoir tous les utiliser comme un vecteur de communication actif pour la promotion du festival. Mais on voit ceux qui sont particulièrement contents de jouer à Dour, parce qu'il y a plus de partages. C'est dans ces cas-là où on se dit qu'ils pourraient devenir des ambassadeurs du festival, eux aussi".

Dans tous les cas, "quels que soient les artistes présents, les gens qui viennent sur le camping et qui vivent l'expérience font la véritable valeur ajoutée du festival", insiste Loïc. "Sur ce plan, Dour n'a pas vraiment de concurrence par rapport à d'autres festivals", même si l'équipe de communication s'inspire de ces derniers, qu'ils soient belges ou internationaux. "On sait que de ce fait-là, Dour restera Dour".

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