
Esperanzah!: les mots forts de Kalika pour exorciser les démons

Ruban rose d’un côté de sa chevelure, ruban bleu de l’autre, cuissardes blanches, manchettes et jupette à la Sailor Moon, Kalika incarne à merveille l’univers cosplay.
C’était la première fois à Esperanzah pour la Française de 24 ans, ravie de fouler les terres floreffoises. "J’aime les festivals qui dégagent une âme et ont du caractère. J’apprécie la programmation. Juste après moi, il y a Bianca Costa et Jok’Air, des artistes que je kiffe trop! C’est une affiche cohérente. On voit qu’elle a été bien pensée" , estime la chanteuse au style émo loin d’être sage.
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"Je fais de la pop trash car c’est comme ça que les gens m’ont définie dès le début. J’aime quand c’est catchy (accrocheur, entraînant, NDLR). Je ne veux pas que ça soit tout mignon, tout lisse, affirme-t-elle. J’ai grandi dans un univers assez hardcore, en partie avec ma grand-mère dans la communauté des gens du voyage. On m’a toujours parlé de façon un peu crue et ça ne m’a jamais choquée. Au moins, le public sait à quoi s’en tenir!"
"Ça parle aux gens"
Incisive, insolente, explosive, franche et sans détour, Kalika assume les différentes facettes de sa personnalité qu’elle transmet dans ses morceaux. Elle y aborde des thématiques parfois dures qui peuvent toucher tout le monde. "Au tout début, j’ai pas mal parlé de sexualité par rapport à des choses que j’ai vécues ou à des questionnements que j’avais. À 20 ans, tu découvres ce que tu aimes ou ce que tu n’aimes pas et tu comprends des choses comme le fait que le slut-shaming (le fait de culpabiliser une femme à cause de son comportement sexuel, NDLR), ce n’est pas normal, explique celle qui ne tourne pas autour du pot. Je parle aussi de santé mentale, des addictions, du harcèlement ou encore de l’enfance. Par exemple: qu’est-ce que c’est devenir adulte? C’est une question que je me pose encore mais je suis en train de démêler tout cela grâce à la musique!".
Son maquillage est aussi tapageur que ses mots et pourtant, elle assure être comme tout le monde. "Je raconte mes histoires parce que ça doit sortir et ça parle aux gens, tout naturellement." Dans la toute première chanson de son répertoire, L’été est mort , elle clashe son ex relou. Et dans ses titres comme Personne , Le Diable , Drama drama , Superficielle ou Tepu dans le noir , elle y affronte des monstres de son passé ou évoque ces sujets qui lui tiennent tant à cœur. Kalika exorcise les démons pour en ressortir plus forte.
Badass à la pop rugueuse
Kalika a fait du chemin depuis sa participation à 17 ans à La Nouvelle Star , dont elle est sortie deuxième. "C’était comme une petite école de musique accélérée. J’ai appris plein de choses. C’était un moment clé où je pouvais partir dans plusieurs directions, se souvient-elle. Je me demandais ce que j’allais faire après le lycée: sciences politiques, psychologie ou musique. En faisant cette émission, je n’ai plus eu aucun doute! C’était beaucoup de travail et de stress parce que j’étais seule à Paris et que je ne connaissais personne et en fait, j’ai adoré! Je chante depuis que j’ai six ou sept ans car ça me procurait beaucoup de bonheur et cette aventure n’a fait que confirmer ce que je souhaitais faire depuis toujours!".
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Un métier où on ne s’ennuie jamais et où on peut s’exprimer de multiples manières, librement et sans barrière, c’est ainsi qu’elle décrit la musique. La pop l’a toujours inspirée car c’est l’univers dans lequel elle a toujours baigné. "J’essaie de ne pas prendre quelqu’un comme référence type car j’ai la volonté de créer mon propre son, mon propre style de composition et de raconter mes histoires en restant la plus pure possible. Mais il y a quand même une chanteuse qui m’a fort marquée: Lady Gaga. C’est une vraie bête de scène et ça a beaucoup joué dans mon envie de faire de la musique, relate Kalika. J’adore aussi la chanteuse française Yelle, avec qui j’ai fait un featuring sur la chanson “Les Glaçons”. Ce sont des meufs qui font de la pop rugueuse avec une énergie un peu vénère (en colère, NDLR). Comme elles, faire le show, dépasser mes limites et oser dire les choses, ça me caractérise assez bien!".
Kalika incarne ainsi son nom de scène à la perfection. "Je ne l’ai pas inventé, c’est le deuxième prénom que mes parents m’ont donné (son premier étant Mia, NDLR) . Ça fait référence à Sara la Kali, sainte vénérée par la communauté gitane. Je ne suis pas gitane mais, dans ma famille, on a toujours côtoyé des gens du voyage. Il y avait beaucoup de forains du côté de mon père, confie-t-elle. C’est aussi lié à Kali, déesse hindoue. Elle fait un peu peur parce qu’elle a une machette à la main et elle tire la langue. Elle est hyper punk en fait! Elle symbolise à la fois la destruction et la reconstruction, c’est inspirant".
C’est Kalika qui nous a inspirés et qui a visiblement inspiré le public, enthousiaste, même sous la pluie. Déconstruire, casser les codes, taper du poing sur la table pour peut-être changer les mentalités et accéder à la lumière en évoquant ses parts d’ombre… une première à Esperanzah! réussie pour Kalika.