
Nuits Botanique 2023 : Zaho de Sagazan confirme son statut d’étoile montante

"Je ne la vois pas ne pas avoir beaucoup de succès. On pourra dire qu’on était à son premier concert en Belgique", glisse un spectateur à son ami à la sortie du concert de Zaho de Sagazan. On aurait du mal à lui donner tort. Ce dimanche soir, la nouvelle sensation de la chanson française a pris d’assaut le Chapiteau des Nuits Botanique. Sans être programmée comme la tête d’affiche de la soirée, la jeune autrice-compositrice s’est pourtant imposée comme l’une des artistes immanquables de cette édition.
La lecture de votre article continue ci-dessous
Aisance naturelle
Ces dernières semaines, on ne parle d’ailleurs plus que d’elle : elle vient d’enflammer le prestigieux festival du Printemps de Bourges, fait la couverture de Télérama, multiplie les plateaux télé. Tout s’est enchaîné très vite pour la Saint-Nazairienne. Remarquée grâce à ses vidéos postées sur les réseaux sociaux, la voilà propulsée sur scène avec seulement une poignée de chansons dans son répertoire. Des singles qui cumulent des milliers d’écoutes, un premier album ("La Symphonie des Éclairs") qui capte l’attention de tous les médias, une voix grave qui marque le public.
Un parcours qui semble trop bien ficelé, qui donnerait presque envie de s’en détourner ou de lui trouver des défauts. Mais ce n’est pas vraiment en concert qu’on pourra s’y essayer. Devant un chapiteau plein à craquer, Zaho de Sagazan donne raison à tout cet engouement. On la sent très à l'aise sur cette scène. D’autres jeunes pousses ont parfois tendance à se cacher derrière leurs morceaux, rester plus statiques ou ne pas se risquer à parler. La jeune de 23 ans se montre, ici, pleine d’autodérision et fait preuve d’un naturel désarmant.
🡢 À lire aussi : Les Nuits Botanique 2023 : un premier sold-out et un bébé
Danse, danse, danse !
Après un début de set un poil réservé, l’artiste donne un coup d’accélérateur avec Les Garçons et Tristesse. Accompagnée de Tom Geffray à la batterie et d’Alexis Delong au clavier et aux synthés modulaires, Zaho de Sagazan occupe l’espace avec sa voix mais aussi son corps. Un corps qu’elle a longtemps détesté, comme elle le chante sur son disque. Cette gesticulation s’apparente à une revanche, une proclamation. Avec Ne te regarde pas, elle nous invite à faire de même, à extérioriser nos complexes et à se lâcher.
Elle clôture avec Danse, un titre presque techno qui a failli figurer sur son opus. Le message reste le même : le moment est venu d’occuper l’espace, de bouger. Il est 20h40, le public du Botanique se laisse prendre au jeu et s’imagine dans une rave berlinoise. Pari réussi pour Zaho, qui parvient à retrouver en live l’équilibre de son album entre chanson à textes et sonorités électroniques. On tend l’oreille pour écouter les paroles autant qu’on se laisse se trémousser. Elle sera au Ronquières Festival de 05/08 et puis en solo au Reflektor (Liège) le 22/11 et à la Madeleine (Bruxelles) le 06/12 (et non à "la sirène", comme annoncé pendant le concert…).
Eosine, grosse claque

Eosine Nuits Botanique 2023 Crédit Antoine Larsille
Même (moyenne d’) âge de 23 ans que Zaho de Sagazan, tout aussi complet ce dimanche soir mais sans la machine promotionnelle et dans un style totalement différent, Eosine se produisait à la Rotonde. Et le public s’est pris une grosse claque. "On a joué voici quelques semaines au Botanique lors du Concours Circuit", explique en début de set Elena, la chanteuse, guitariste et cheville ouvrière du groupe belge. "Et depuis, il nous arrive des tas de choses qu’on ne s’explique pas, comme faire un sold-out ce soir en lever de rideau de BRNS. C’est complètement fou."
Si tout va très vite pour Eosine (vous les verrez partout cet été à la rentrée), les quatre musiciens -deux filles, deux garçons- sont prêts pour le grand saut. Ils savent où ils vont et maîtrisent déjà parfaitement leur projet sur scène. Projections, jeux de lumières aux effets psychédéliques, enchaînements, gros son de la section rythmique, tapis de guitares… On a rarement vu une telle cohésion chez un groupe belge à un tel stade de sa carrière.
Le virage négocié sur le nouvel EP "Coralline" (qu’on a acheté au stand merchandising à 10 euros dans sa version numérotée et avec un dessin personnalisé à la main) se fait aussi ressentir. Plus dur, plus rock, plus shoegaze, ce 4-titres produit par Mark Gardener (du groupe Ride, une sacrée référence) impose sa pertinence et sa complémentarité avec les premières compositions dream pop du quatuor. On aime l’intensité qui se dégage de leur prestation. On aime le sentiment d’évasion que procurent leurs déflagrations électriques. On aime aussi leur attitude, mélange d’humilité, de naïveté mais aussi de beaucoup de détermination. Vivement la suite.