Ronquières Festival: drache nationale, concours de glisse dans la boue et éclaircies musicales

La deuxième journée du festival hennuyer a été marquée par des conditions météo compliquées. Pierre de Maere, Jain et Juliette Armanet sont parvenus à chauffer le public, malgré tout.

Ronquières 2023
Le festival de Ronquières 2023 ©Mathieu Golinvaux

“Est-ce que vous tenez le coup ?” est sans doute la phrase la plus répétée par les artistes lors du deuxième jour du Ronquières Festival. Il faut dire que les conditions ne sont pas faciles, entre pluie incessante, froid d’automne et rafales de vent. Pour tenter de motiver le public, les groupes doivent donc redoubler d’efforts. La jeune française Zaho de Sagazan, programmée en début d’après-midi, a tout donné pour essayer de faire bouger la foule. “Dansez ! Dansez ! Dansez !”, répète-t-elle en boucle, avec une énergie féroce. Avec son premier album, La Symphonie des éclairs et des prestations scéniques qui trouvent le juste équilibre entre maîtrise et naturel, elle s’impose comme la nouvelle révélation francophone.

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Pierre de Maere, dandy chic

Au bord du plan incliné, les traversées s’avèrent quelque peu risquées entre la grande scène de la Colline et la plus petite, Tribord. Les dernières semaines pluvieuses ont rendu le terrain extrêmement boueux. Pour limiter les dégâts, des tonnes de pailles ont été dispersées la veille sur le site dans le but de contrer la gadoue. Toute la journée, on aperçoit de nombreux festivaliers se déplacer avec un petit tas de paille pour garder les bottes plus ou moins au sec. Tandis que d’autres, foutu pour foutu, improvisent des concours de glissades.

Ambiance plus chic du côté du concert de Pierre de Maere, le nouveau dandy belge qui ne cesse de monter en puissance. Le marathonien des festivals, déjà aperçu aux Francofolies de Spa et à La Semo, se montre de plus en plus à l’aise et en confiance sur scène. On se souvient encore de son tout premier concert à l’AB Club en mai 2022, où l’on assistait à la naissance d’un showman, un peu maladroit et pas très sûr de lui. Aujourd’hui, Pierre de Maere assure, en gardant une autodérision certaine qui fait beaucoup de bien.

Le retour de Jain et de l’inusable “Makeba”

En 2019, la chanteuse française Jain annonce l’annulation de tous ces prochains concerts. Elle se dit “rincée” et “lessivée”, à force d’enchaîner les dates. Portée par le succès triomphal de ses deux premiers albums, elle préfère prendre le risque de s’éclipser pour se préserver. Quatre ans plus tard, elle revient avec The Fool, un album plus pop-folk et éloigné des sonorités africaines des précédents. “Je me suis davantage nourrie des vinyles de mes parents que j’ai redécouverts pendant le confinement. Les albums de Fleetwood Mac avec une préférence pour les titres de Stevie Nicks, “The Kick Inside” de Kate Bush, Joan Baez…”, nous confiait-elle récemment.

Curieux hasard, au moment de la sortie de ce nouveau disque, son inusable tube “Makeba” reprend vie grâce à l’application TikTok. Le titre de 2015 a été utilisé dans plusieurs millions de publications. Sur les plateformes de streaming, la chanson observe une augmentation de plus de 1400 %. Alors, forcément, lorsqu’elle lance le fameux “Ooh-ee” ce samedi en début de soirée, toute la foule de Ronquières la suit. Elle en profite pour mettre les spectateurs à contribution pour chanter cette partie et crée des boucles avec leurs voix. Ce bout de paroles reste d’ailleurs tellement dans la tête qu’on va l’entendre toute la soirée et finit par devenir une sorte de cri de ralliement.

Désormais accompagnée par quatre musiciens, Jain offre un concert riche de ses multiples influences musicales. Elle passe ainsi du sautillant “Come” aux titres plus rock “Save The World” et “Star”. Nouvelle identité, nouveau souffle, l’histoire est loin d’être finie pour Jain. Au tour de Juliette Armanet de prendre place sur la Colline. Pour la dernière date en Belgique de sa tournée, la Française se lâche et offre un show déchaîné, en pleine drache nationale. Peut-être qu’on peut même dire que la pluie ajoute une forme de tension dramatique supplémentaire au spectacle. Pas question de se décourager, Juliette Armanet joue avec son environnement. Le public, lui, le sent et le lui rend plus que bien.

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