
Ronquières Festival: Benjamin Biolay et Franz Ferdinand plus forts que la pluie
Toute la pluie qui tombe sur Ronquières. Toute la pluie qui tombe et qui transforme au fur et à mesure que les festivaliers s’y engouffrent, le site du festival en marée de boue. Car la pluie n’a pas refroidi les festivaliers du vendredi (28 000 personnes accueillies), ni les festivaliers du samedi (26 000, chiffres du festival). Toute la pluie qui tombe sur Ronquières et qui fait sérieusement imaginer aux organisateurs de ne pas donner cours à la journée du dimanche. Le site, les scènes, l'accès au festival… tout prend l’eau. Alors que faire ?

©Mathieu Golinvaux
Jusqu’au matin du festival, ceux qui avaient leur billet en main ne savaient pas trop à quelle sauce ils seraient mangés. Multiples checks en ligne. Certains campeurs munis du pass trois jours remballent. Mais la communication fait son chemin, et le site ouvre à 16h, en lieu et place de la fin de matinée. Les parkings en prairie ont été fermés, pour éviter le bal des dépanneuses, et un plan de stationnement minute a été imaginé sur la voirie, en collaboration avec la police (des navettes supplémentaires ont été mises en place pour ne pas laisser errer les festivaliers le long des routes qui les séparent du festival).
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Enfin, 30 à 45 tonnes de paille ont été étalées à la vitesse de l’éclair entre samedi et dimanche sur le site pour éviter de reproduire l’ambiance de Woodstock et l’embourbement généralisé des enthousiastes qui avaient, donc, simplement prévu de venir désormais chaussés de bottes. Au final, plus de 16 000 festivaliers se sont présentés dimanche, équipés anti-boue, anti-pluie. En tout cas, bien décidés à profiter de l’affiche redessinée en toute hâte. Jeanne Added à 17h ; Benjamin Biolay à 19h ; Franz Ferdinand à 21h, et The Prodigy à 23h. Le concert de Shaka Ponk sort du programme, contraint et forcé, la suppression de la scène Colline obligeant à faire un choix entre les deux têtes d’affiche de la soirée. “Le matériel de Prodigy était déjà là, celui de Shaka Ponk arrivait à 14h30”, le bon sens prend le lead, donc.

Jeanne Added ©Mathieu Golinvaux
Vous allez voir ce que vous allez voir !
Les artistes qui restent en lice sont, quant à eux, tout à fait concernés à l’idée à ne pas faire regretter aux festivaliers leur présence sur les lieux. Benjamin Biolay prend sa tâche très au sérieux. Il embrasse le public de ses grands bras, il fait des sentiments en nous rappelant sa première scène, (”C’était au XXe siècle,… Les 'Cerfs-volants',… au Botanique”). Il a un mot sympa pour cet enthousiaste qui agite un ballon girafe avec abnégation depuis déjà un p’tit temps (”Elle va me manquer ta girafe”). Et ne craint pas de prendre un grain au clavier au moment de nous partager 'Ton héritage'. Il est ici et maintenant avec le public, qui entre nous demeure très connecté à l’artiste, malgré le taux d’humidité impressionnant. Ça condense sous les capes de pluie estampillées banques, assurances, et partenaires…

©Mathieu Golinvaux
Biolay est récompensé par les dieux : le soleil daigne se pointer au moment où il nous chantonne 'Los Angeles'. Le public n’a rien lâché, preuve de son attachement à celui qui a cette présence sincère sur la scène musicale francophone depuis, clairement, plus de 20 ans - le public d’ailleurs a le même âge que lui. Il va jusqu’aux fans, et rend l’antenne à l’heure, et pour cause : on doit tout replier dare-dare pour laisser la place à la fine équipe de Franz Ferdinand.
Le divin Franz
Restée entre les deux concerts du soir, une petite troupe de spectateurs regarde les équipes de régie du festival et les gars de Franz monter un complet décor, dans un bal de chariots qui glissent et de fils qui s’enroulent, des podiums qui s’alignent… Des mini-podiums, pour quoi faire ? On le verra assez tôt : pour sautiller. Ou plutôt pour bondir. La voix de Franz Ferdinand, Alex Kapranos (Monsieur Clara Luciani, pour le carnet familial), ne fera pas regretter à son régisseur qui le connaît bien ce détail auquel on a assisté tout à l’heure. En installant le micro du chanteur, le technicien faisait des “petits sauts” pour voir comment se comportait le micro. Une vérification des plus nécessaires quand on voit l’énergie bondissante du chanteur et guitariste de Franz Ferdinand, dont on ne peut pas soupçonner qu’il ait commencé par faire des études de théologie en Écosse, quand il avai 20 ans. Ou alors c’est le jump vers Dieu.
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Tout cela va très bien au public de Ronquières qui a rechargé ses batteries, et chante en chœur avec le leader qui les guide : “Allez-y ! “…., “Alonso !...” Alonso se reconnaîtra sûrement… Les Écossais font le travail qu’on attend d’eux, décochant des flèches de 'good vibes', et le public devenu jouette sautille dans la boue, histoire de donner raison à la regrettée Jane Birkin : “il fallait venir jusqu’ici/pour jouer les amoureux transis/et patauger dans la gadoue, la gadoue…”

©Mathieu Golinvaux
La nuit tombe, les gens ne lâchent rien, ils auront été finalement plus de 70 000 à venir danser en bottes (contre les 65 000 de 2022), le record de Ronquières. Le soir tombe dans une ambiance est bonne enfant, la météo n’a plus rien à voir là-dedans. Franz fait mouvoir le public comme une vague. Un public tout à coup réuni comme un seul homme, savourant l’ici et maintenant de notre époque.