
Docu - Chebeya, un crime d'Etat?

Floribert Chebeya était l'un des porte-étendards les plus courageux de la cause des droits humains en République démocratique du Congo (RDC). Natif de Bukavu, passé par l'école commerciale, Chebeya et son organisation la Voix des Sans-Voix sont rapidement devenus, dans les années 80, une épine dans le pied de Mobutu, dénonçant la répression brutale exercée par le régime sur des pans entiers de la société. Lorsque la toque en léopard fila vers le Maroc en 1997 et que Laurent-Désiré Kabila prit les rênes du pays, Chebeya ne se laissa pas charmer par le nouveau pouvoir. Et s'inquiéta vite de la mainmise du Rwanda sur la politique du pays.
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Ces dernières années, il avait fortement critiqué les opérations militaires conjointes effectuées entre le Rwanda et la RDC à la poursuite des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), ce mouvement truffé d'anciens génocidaires. Surtout, Chebeya semblait s'être constitué un sérieux dossier sur les massacres perpétrés au Bas-Congo en 2007 et 2008 contre des membres du mouvement politique et religieux Bundu Dia Kongo. À l'époque, trois cents personnes avaient été tuées. Les coupables? Vraisemblablement l'armée, les forces de l'ordre mais aussi le bataillon Simba, une troupe spéciale de Joseph Kabila rattachée à la police.
Le 1er juin 2010, Floribert Chebeya aurait été convoqué par le big boss de la police congolaise, le général John Numbi. Le lendemain matin, son corps était retrouvé sans vie, dans une peu crédible mise en scène sexuelle, entouré de préservatifs et de Viagra. C'est là qu'intervient le réalisateur Thierry Michel qui connaissait Chebeya et que la nouvelle de la mort indigne. Partout, il va balader sa caméra afin de livrer un document précieux sur la justice au Congo et les progrès de géant qu'elle doit encore fournir.