
La confrérie: enquête chez les Frères Musulmans

Le 30 juin 2012, Mohamed Morsi était officiellement investi comme président de l'Égypte. Pour les Frères Musulmans, la confrérie religieuse et politique dont il est issu, la victoire est d'envergure. Absente lors des premiers souffles de la révolution qui contribua à chasser Hosni Moubarak, elle a su s'emparer, petit à petit, du mécontentement scandé sur la Place Tahrir. Mais qui sont réellement les Frères ? De quelles racines historiques et idéologiques se nourrissent-ils ? Pour y répondre, le documentaire La confrérie n'a pu résister à quelques effets de style anxiogènes (musique, iconographie), avant de se reprendre, au bout d'une dizaine de minutes, et de nous donner matière à comprendre.
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Afin de saisir la destinée des Frères musulmans, un large retour en arrière s'impose. Tout démarre dans l'après première guerre mondiale, époque où le Califat ottoman est remplacé par des états-nations fantoches à la botte des puissances coloniales. Désireux de se débarrasser de cette tutelle qui modèle mœurs et esprits, un jeune enseignant issu de la petite bourgeoisie égyptienne, Hassan Al-Banna, lance un mouvement de réforme basé sur une lecture plutôt radicale du Coran : les Frères musulmans.
Grâce à la création d'écoles et d'associations sportives, ses premiers adeptes en attirent bientôt d'autres : en dix ans, le mouvement grossit de deux millions de fidèles. Unis dans un premier temps à Gamal Abdel Nasser, qui renverse le roi Farouk en 1952, les Frères deviendront rapidement son meilleur ennemi. Parmi eux, un critique, poète et idéologue puissant : Sayyid Qutb. Pendu par Nasser, Qutb influencera durablement les mouvements islamistes ultérieurs, dont les ramifications sont efficacement étudiées dans La confrérie, utile détour télévisuel à la portée de tous.