Le cerveau d'Hugo

Déclaré grande cause nationale pour 2012 en France, l’autisme reste un trouble méconnu et mal diagnostiqué. Un ensemble de troubles plus exactement - on parle de "spectre autistique" qui toucherait 1 % de la population: certains patients affichent un retard mental sévère, d’autres des capacités préservées, voire supérieures à la moyenne. La réalisatrice Sophie Révil a choisi de s’intéresser ici aux enfants Asperger, autistes de haut niveau dont certains se révèlent de véritables petits génies. C’est le cas d’Hugo, pianiste virtuose et héros imaginaire de ce docu-fiction sensible et intelligent.

Si Hugo, que l’on suit de sa naissance à ses 22 ans, est un personnage fictif, son itinéraire est celui de nombreux enfants souffrant de troubles autistiques. Les difficultés rencontrées par nombre d’entre eux comme par leur famille sont évoquées sans détours: la culpabilisation des mères par les professionnels, les diagnostics tardifs voire erronés, les mauvaises orientations qui s’ensuivent et envoient en hôpital psychiatrique des enfants qui n’y ont pas leur place (l’autisme est un trouble du développement cérébral, pas une maladie psychiatrique), mais aussi le rejet d’une population qui mélange confusément handicap et déficit intellectuel.

Plutôt juste, la fiction n’aurait cependant pas tant de poids si elle n’était entrecoupée des témoignages de nombreux autistes (et de leurs proches). Avec autant d’humour que de justesse, ils racontent le fonctionnement étrange de ce cerveau qui fait d’eux des êtres différents: rejetés, violentés, considérés comme des "triso" par certains, comme des "animaux" par d’autres, mais dont l’intelligence atypique est loin d’avoir dévoilé toutes ses facettes. Complété par des images d’archives et des infographies explorant le fonctionnement du cerveau humain, ce beau document se révèle aussi délicat dans sa forme qu’exhaustif dans ses informations.