

De Noah Baumbach (2005). Avec Laura Linney, Jeff Daniels.
La séparation d’un couple et ses retombées sur les enfants (ici deux ados dont l’aîné est incarné par Jesse Eisenberg, futur Zuckerberg de Social Network): le sujet n’est pas neuf mais Baumbach lui donne un traitement en demi-teintes d’une belle intelligence. À travers le personnage du père, un écrivain déchu qui, sous ses airs d’intellectuel supérieur, exerce un chantage affectif permanent sur son entourage, le réalisateur dénonce une forme de violence d’autant plus néfaste qu’elle est insidieuse.
De Marion Laine (2008). Avec Sandrine Bonnaire, Marina Foïs.
Septante pages pour évoquer un demi-siècle de "dévouement bestial" (celui dont fait preuve la servante Félicité à l’égard de sa maîtresse), un style concis, un regard oscillant entre la causticité et l’empathie: Un cœur simple, qui fait partie des Trois contes de Flaubert, est de ces textes réputés intouchables. "Elle avait eu, comme une autre, son histoire d’amour." Comment traduire cette phrase à l’écran? Et comment passionner le spectateur avec une vie faite de bonheurs avortés? Laine y parvient en refusant la voix off, le vieillissement des personnages, les explications inutiles. Quant à Bonnaire, elle défend corps et âme ce cœur simple qui nous laisse la gorge serrée.
De Pierre Schoendoerffer (2007). Avec Benoît Magimel, Philippe Caubère.
Brut de décoffrage, Truands montre que le code de l’honneur ne vaut pas tripette dans un univers où il s’agit de mordre plus vite que l’autre sous peine de se faire dévorer. L’instabilité des alliances et l’obligation de se faire une "réputation" dans le milieu poussent chacun à une théâtralité forcée. C’est bien mal comprendre le propos du cinéaste que de penser qu’un acteur de la trempe de Caubère en fait trop dans le rôle du caïd. Pareillement, la violence du film se devait d’être révulsive, le sexe, cru, et le machisme ou le racisme, revendiqués avec ostentation. Sale monde? Oui, et filmé salement, loin de la mythologie sur le grand banditisme.