
Retour en terre inconnue

Sissay en Ethiopie, Ndahi en Papouasie-Occidentale, Dolma et son jeune fils Dorje dans l’Himalaya, Federico et Sebastian en Bolivie… Des années après nous avoir présenté ces incroyables personnalités, les équipes de Rendez-vous en terre inconnue sont reparties prendre de leurs nouvelles avec, dans leurs bagages, une copie de l’émission diffusée. Sans rien dévoiler des surprises qui émailleront cette soirée spécial retrouvailles, Frédéric Lopez a bien voulu répondre à quelques questions.
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Quels souvenirs les populations ont-elles gardés de votre passage?
Frédéric Lopez - Ce qui m’a surpris, c’est la force des images, des liens, alors qu’elles n’avaient pas vu le film! C’est cela qui transpire: il y a les mots et il y a le langage corporel, les sourires… Quand un Korowaï (de Papouasie-Occidentale) nous confie: "Notre relation est spéciale, on se souviendra de vous jusqu’à notre mort", je découvre que c’est important pour eux à un point que je n’imaginais pas.
Avez-vous observé des changements chez ces peuplades?
Les Korowaï, par exemple, sentent bien que la distance entre eux et la ville se rétrécit. Ils voient des marques de tee-shirts, des gens avec des portables. On va raconter tout cela en plateau: la situation d’aujourd’hui et l’urgence dans laquelle le monde se trouve parce que ces peuples autochtones sont la mémoire de l’humanité.
Comment imaginez-vous leur avenir?
Je suis optimiste. J’aimerais qu’ils aient la santé et l’éducation, mais ce n’est pas sans conséquences: l’éducation, c’est un autre regard sur le monde. Les ados ont souvent honte de leurs origines. Mais je sais déjà qu’une fois adultes, certains diront, comme Katjamba en Namibie: "Hé, pourquoi votre mode de vie serait-il mieux que celui de nos ancêtres?" Je crois que Rendez-vous en terre inconnue a parfois réhabilité ces peuples autochtones dans leur propre pays et leur a donné une sorte d’estime d’eux-mêmes, de fierté.
Et vous, ces rencontres vous ont-elles changé?
Elles m’ont rendu intolérant aux cons! C’est une vanne pour dire que j’ai très peu de patience pour les gens qui se plaignent. Je suis plus attiré par ceux qui sont dans l’action, les résilients, les gens qui transforment l’obscurité en lumière - La parenthèse inattendue (son autre émission), c’est ça. Je suis bouleversé quand je vois Sissay: il fait partie des rares êtres humains qui reconnaissent leurs erreurs. J’ai la chance d’avoir rencontré ce mec-là. Et ce qui est merveilleux, c’est que lui nous dise: "Vous m’avez parlé de courage pour la première fois de ma vie". C’est un retour à l’envoyeur, tout le principe des relations humaines.