
Silences d'Etat

Flash info: le journaliste vedette de France 2 David Pujadas annonce le suicide du ministre de la Santé Frédéric Dalème au sein même de l’Elysée.
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Une entrée en matière particulièrement réaliste pour ce téléfilm, nouveau thriller politique du service public qui joue avec brio la carte de l’efficacité autant que celle de la crédibilité. S’il ne s’agit pas de traiter d’une affaire réelle, on pense d’emblée aux morts mystérieuses qui ont agité l’histoire de la Ve République: celle de François de Grossouvre, l’ancien conseiller de François Mitterrand; celle de Pierre Bérégovoy, qui fut son Premier ministre; celle enfin de François Boulin, ex-ministre du Travail.
Silences d’Etat est pourtant bien une fiction, mais une fiction très documentée - elle a été coécrite par Raphaëlle Bacqué, journaliste au Monde et observatrice reconnue de la vie politique française, auteure (entre autres ouvrages) d’un livre consacré à la mort de François de Grossouvre.
Tout l’intérêt de ce polar est là: il surfe - et plutôt très bien - sur une histoire vraisemblable, qui se nourrit à la fois de faits réels et des fantasmes du citoyen lambda sur le pouvoir et ses dérives.
Même équilibre délicat dans le traitement des personnages, ambigus à souhait: meilleur ami de la victime, le président Jacques Rohmerieu (Richard Berry, d’une belle sobriété) se montre tour à tour désemparé, attachant, menaçant.
Sa chargée de communication Claire Ferran (Rachida Brakni, convaincante en manipulatrice manipulée - à moins que ce ne soit l’inverse?) oscille en permanence entre froide ambition personnelle et quête sincère de la vérité. Jusqu’à la fin, délibérément ouverte, Silences d’Etat déroule la partition d’une écriture intelligente et subtile, sans jamais perdre ni le rythme ni la tension indispensables à la réussite d’un tel exercice.