
Un petit bout de France

La France possède son oracle politique. Une ville qui, à chaque scrutin, vote comme le reste du pays. Un véritable thermomètre électoral en somme… et une bizarrerie - pourtant bien réelle - tout à fait inspirante pour un scénariste.
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Frédéric de Nexon s’en est saisi pour imaginer, avec trois compères, cette drôle d’histoire de campagne présidentielle. La ville-test se nomme ici Saint-Ferréol, petite commune de la région lyonnaise dont Gilles, jeune énarque ambitieux, vient de découvrir la particularité. Pour son patron, directeur de cabinet au ministère de l’Intérieur, c’est une aubaine: nous sommes à quelques semaines de l’élection de 1981 et la droite de Giscard est à feu et à sang depuis la candidature-surprise de Jacques Chirac.
Il s’agit donc de prendre la température de l’opinion, histoire de réagir au mieux à cette nouvelle donne. Mais Gilles a également une idée derrière la tête: pour recueillir des sondages fiables, il propose d’envoyer à Saint-Ferréol (loin de Paris, donc) un certain Vincent, ethnologue sans le sou et petit ami d’Alice, la fille de son directeur… qu’il convoite secrètement. Sans se douter des intentions perfides de son rival et soucieux de s’attirer les faveurs de son futur beau-père, Vincent accepte la mission. Ses investigations ne tardent pas à bousculer le train-train quotidien du village… et de son maire, pas très au clair avec ses listes électorales.
Comédie romantique sur fond de présidentielle, Un petit bout de France nous replonge avec fantaisie dans l’effervescence de la campagne qui se clôtura par la victoire de Mitterrand: les notables de droite d’un côté, inconscients du bouleversement à venir; les ouvriers et les jeunes de l’autre, galvanisés par l’espoir d’un changement incarné par le retour de la gauche après 23 années de pouvoir de la droite. Une distraction vive et légère, sans prétention mais convaincante jusque dans son interprétation.