
Timbuktu

C'est sans doute sous le coup d'une insupportable émotion - les dessinateurs de Charlie Hebdo, Charb en tête, venaient de se faire massacrer par des islamistes sanguinaires sans cerveau, mais avec un gros paquet de haine en bandoulière - que les votants des Césars ont plébiscité le film de Sissoko (il en a remporté 7 dont ceux du meilleur réalisateur et du meilleur film). Certes, Timbuktu est ce qu'on appelle un film "nécessaire". D'une actualité brûlante à l'heure où Daech continue sa funeste entreprise en Afrique. Mais une cause, si noble fût-elle, ne fait jamais une œuvre de cinéma. C'est mal connaître Sissoko qui, du récit simple de la prise d'un village africain par des djihadistes, construit une fable macabre et lumineuse à la fois. Lorsqu'ils ânonnent leurs nouvelles lois dans des porte-voix, ces extrémistes, rabroués par les villageoises, ont une allure burlesque, ridicule. Mais plus le récit avance, plus l'étau se resserre, étouffe le rire. Et la menace se fait réaliste, tragique et sans concession. Reste alors le pouvoir de la poésie (les images sont splendides) d'un match de foot sans ballon pour tenter de résister. Grand film.
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