
Dalida, la femme qui rêvait d'une autre scène

"Je suis un parlement. Il y a en moi tellement d’êtres différents qu’on n’arrive pas à les mettre en accord et du coup, il faut les accepter tous", disait-elle. Pas étonnant que Dalida ait inspiré le psychanalyste Gérard Miller qui, après Dominique Strauss-Kahn, Gérard Depardieu et Ségolène Royal, se penche avec sa compagne Anaïs Feuillette sur le destin de l’iconique chanteuse. Un destin, c’est bien ce que désirait cette jeune fille d’une famille italienne exilée au Caire, soucieuse de devenir "quelqu’un". Une revanche, peut-être, pour celle qui faillit mourir à peine née, resta quarante jours les yeux bandés pour cause d’infection et en hérita un strabisme qui ne la réconcilia guère avec son physique. Le cinéma lui ouvre une porte, mais c’est la musique qui la révèle, grâce au producteur Eddy Barclay, au patron de l’Olympia Bruno Coquatrix et à Lucien Morisse, directeur des programmes d’Europe 1, qui invente le tube en imposant son premier titre Bambino.
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Dès lors, la carrière de Dalida l’emporte sur la vie de Yolanda - son véritable prénom. Après un mariage express avec Morisse, elle découvre la passion amoureuse avec le jeune artiste Jean Sobieski, le quitte par raison, plonge dans les bras du chanteur italien Luigi Tenco, puis dans l’enfer lorsque celui-ci se suicide. Malgré sa tentative de le rejoindre, la jeune femme survit et se métamorphose, mue par une quête spirituelle autant que par une détermination dont témoignent ses proches comme ses biographes. La chanteuse devenue star relègue au passé sa timidité pour suivre son époque - la vague yé-yé puis le disco, jusqu’à se produire dans des shows à l’américaine. Le succès ne suffira pourtant pas à éviter la dépression, l’angoisse du vieillissement et l’ennui, qui conduisent Dalida à mettre fin à ses jours à l’âge de 54 ans. Egrainant les douleurs et les moteurs du mythe, un portrait agréablement analytique.