
Charles Neuforge: On parle de jungle. C’est aussi et surtout la honte…

Pour Défense d’entrer, Charles Neuforge s’est rendu à quatre reprises dans ce qu’on appelle "la jungle" de Calais. Difficile pour celui qui n’y a jamais mis les pieds d’imaginer: 18 hectares - l’équivalent de 25 terrains de football - où sont installés pêle-mêle 4.000 à 6.000 personnes. "On dit la jungle, c’est un peu ça. Les réfugiés vivent soit sous des tentes légères, soit sous des abris de fortune construits par les associations. Grosso modo, c’est le boxon. Tout est fait en dépit du bon sens. Il n’y a pas d’ordre. C’est un terrain vague où il a plu, donc il y a de l’eau et de la boue un peu partout. Personne n’a prévu le coup et on ne sait pas vers quoi on va…", relate le journaliste.
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Aux côtés des installations dans lesquelles on se demande comment quiconque pourrait passer l’hiver, ce qui attire également l’attention, ce sont des petites boutiques. Les migrants ont pris sur eux de créer quelques commerces: "Il y a une vie qui s’organise, comme dans un village. Il y a des magasins de vivres de base, des restaurants, des coiffeurs, et même trois hammams!", explique Charles Neuforge. Face au froid, aux conditions sanitaires peu engageantes - on décompte 135 toilettes pour entre 4.500 et 6.000 personnes (impossible de connaître le nombre exact, aucun recensement n’a été organisé) et neuf points douche ou eau - les associations présentes sur place tentent de réagir. Mais la vie ici est rude et le désespoir guette les migrants: "Ce sont pour la plupart des hommes d’une trentaine d’années, dont la majorité n’ont aucun espoir d’être acceptés où que ce soit légalement. Il n’y a presque plus de solutions, pour eux, ils sont à la recherche de systèmes D".
"L’accès à la Grande-Bretagne n’est presque plus envisageable. Les Anglais ont payé pour que les installations soient hermétiques. Il y a d’énormes barbelés partout. J’ai rencontré des migrants qui essayaient de passer tous les jours. Beaucoup d’entre eux ont perdu tout contact avec leurs proches. Ils sont seuls au monde. Certains commencent à envisager de rentrer chez eux. Alors que leur pays est en guerre! Ils sont complètement désabusés par la manière dont ils sont traités. Plusieurs nous ont dit: "C’est la jungle parce qu’on est traités comme des animaux", regrette le présentateur. Charles Neuforge ne cache pas que cette expérience l’a marqué. "C’est très dur de voir des gens traités de cette manière. A deux pas de chez nous, qui plus est. On parle de jungle. C’est aussi et surtout la honte…"