
Jacques Brel, la fureur de vivre

Cela faisait plusieurs années que Laurent Delhaousse était en discussion avec la famille de Jacques Brel afin de mettre en boîte un épisode du magazine Un jour, un destin. Mais la réticence des proches de l'artiste était forte autant qu'elle pouvait se comprendre: il existait déjà suffisamment de documentaires sur le mythe Brel, et il était vain de radoter autour d'une vie que tout le monde connaissait déjà par cœur. La persévérance a payé: les équipes de Delahousse ont trouvé les mots, les arguments et les approches thématiques pour convaincre le clan belge de collaborer, en faisant la promesse que leur portrait sortirait du rang, en s'attardant notamment sur des facettes plus méconnues du chanteur. Le résultat? Un zoom copieux, alimenté par des témoignages inédits en forme d'authentiques confidences. Les images d'archives sont nombreuses. Mais elles prennent un autre sens lorsque les filles de Brel, France et Isabelle, les commentent. Et elles s'auscultent d'un autre œil quand les copains d'enfance de l'artiste les enrichissent de leurs souvenirs.
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Le sous-titre, Une vie à mille temps, est bien choisi: on valse ici dans une existence qui ne trouva le repos que dans sa dernière ligne droite, dans les fameuses îles Marquises où Brel est parti mourir, non sans marquer les esprits de quelques locaux qui, eux aussi, témoignent aujourd'hui. Bien avant cela, le Belge écrivait ses premiers poèmes ou se posait devant le piano familial pour y composer quelques mélodies sans rien y connaître en solfège. Puis il choisissait de partir, vers Bruxelles et Paris, fuyant à la fois les siens et l'entreprise familiale de cartonnerie où il n'avait pas envie de s'ennuyer à petit feu. Il découvrait que son physique et sa voix, dans les auditions, ne plaisaient pas forcément. Il constatait qu'être chanteur, ce n'était pas uniquement les paillettes et les Olympia. Du moins pas tout de suite.