
Quais des brumes

Depuis 2011, Joe Faraday et Paul Winkler, les personnages du romancier anglais Graham Hurley, ont pris les visages de Jean-Marc Barr et Bruno Solo sur France 2. Ces Deux flics sur les docks, aux méthodes et au caractère opposés, mais liés par une profonde amitié, ont su capter l’intérêt du public. Ainsi, la collection de polars de 90 minutes, produite par Gétévé, revient à l’antenne avec un neuvième épisode inédit, intitulé Longue distance. Le charme de cette énième fiction policière réside évidemment dans ce duo d’acteurs, que l’on imaginait, à tort, improbable. Mais pas seulement.
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En transposant les enquêtes policières de Portsmouth au Havre, Edwin Baily a révélé toute la photogénie de la sous-préfecture normande, si souvent moquée. Certes, le réalisateur n’est pas allé chercher cette fameuse lumière de la cité portuaire qui plaisait tant aux impressionnistes. Lui préférant la brume et un ciel gris métallique pour accompagner les lignes verticales et horizontales de ses docks, de ses bateaux commerciaux, de son estuaire, de ses usines et plus globalement de l’architecture d’après-guerre d’Auguste Perret.
Longue distance joue des verticalités vertigineuses (séquence sur le pont de Tancarville) autour d’une intrigue posant Le Havre sous la menace d’un sniper. Le tueur et ses victimes réveillent le passé familial douloureux de son héros, Faraday, et des souvenirs de guerre traumatisants d’une ville, d’une région, d’un pays et de ses habitants. Le scénario n’oublie pas d’égratigner l’armée française. Ou quand la fiction fait résonner histoire et actualité tragique.