
Toujours plus à droite?

Si le parti Alternative für Deutschland a réalisé de très bons scores lors des régionales du 13 mars dernier, l’Allemagne est loin d’être le seul pays à connaître une nouvelle poussée de l’extrême droite. Confrontée à une crise migratoire, l’Europe voit se développer des mouvements nationalistes prônant le retour à des valeurs traditionnelles, condamnant l’islam, rejetant les réfugiés. Après un premier documentaire inédit consacré à la discrète Croatie, dont le gouvernement défend une politique ultra-nationaliste, le Thema d’Arte se poursuit avec le film très personnel de Mo Asumang. Née de mère allemande et de père ghanéen, petite-fille de grands-parents enrôlés dans la S.S., la réalisatrice berlinoise s’interroge sur le concept d’aryanité, popularisé par le diplomate et écrivain Joseph Arthur de Gobineau au XIXe siècle et exploité par Hitler qui en tira sa politique de haine raciale. Depuis, l’image de l’Aryen est restée dans la culture populaire comme celle d’un Allemand pure souche, blond aux yeux bleus. La définition, pourtant, reste bien vague. Et pour cause: les Aryens, apprend-on, c’est en Inde et en Iran qu’on les trouve - les deux seules régions du monde où ce terme emprunté à la linguistique est approprié.
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Mo Asumang tente ainsi de déconstruire les postulats des racistes de tout poil auxquels elle se confronte, en Allemagne et aux Etats-Unis. Elle se heurte ici à un silence plus qu’hostile, là à d’effrayants discours sur le "détournement génétique" - comprenez: le fait de faire un enfant avec un(e) Blanc(he) - qui serait organisé par les Noirs pour améliorer leur race. Si ses questions manquent parfois de précision et de pugnacité, les témoignages des uns et les analyses des autres éclairent l’indigence de théories fondées sur la peur de l’étranger autant que leur triste influence.