
Enfance volée

Le peintre tissant toujours la même toile, l’écrivain, le même livre, le musicien, la même partition pour retrouver, recréer l’Eden de leur enfance perdue. Sauf que ce paradis souvent inventé a parfois l’éclat d’un joyau très sombre. C’est le cas pour Bill Douglas, cinéaste écossais qui a usé ses fonds de culotte sur le terril sans joie d’une cité minière au ciel de plomb. Passant au lendemain de la guerre des mains d’un père absent à celles bien plus rudes d’une grand-mère sans amour, puis au pensionnat, tenaillé par la solitude et l’extrême pauvreté… Tout cela, Bill Douglas le raconte en trois tableaux sublimes (filmés entre 1972 et 1978) où planent les ombres tutélaires du Free cinema britannique, de Bresson et de Bergman. Un chef-d’œuvre enfin ressorti des oubliettes (merci Arte!) qui prolonge dans nos rétines, avec une folle poésie noire, l’existence du Kid de Chaplin. Le visage de Stephen Archibald (double de Douglas à l’écran) est celui de tous les enfants qui luttent pour leur survie. Poignant!
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