
Al Capone, gangster moderne

En 1930, alors qu’il est devenu l’homme le plus puissant de Chicago, Al Capone s’offre la couverture du Time Magazine. Cheveux gominés, sourcil gauche relevé, sourire affirmé et cravate ajustée, il rentre définitivement dans l’Histoire, au moment même où sa propre histoire est doucement en train de s’achever. Quelques mois plus tard, il sera arrêté pour… fraude fiscale par Eliot Ness et Franck Wilson, à la demande du président Herbert Hoover. La fin de la Prohibition a eu raison de son business, l’Amérique s’apprête à vivre la Grande Crise et, dans ce contexte, Al Capone est presque redevenu un homme comme les autres. Incarcéré à Alcatraz dans une cellule isolée – après avoir tenté de soudoyer un gardien, on ne se refait pas -, il finira malade, comateux, puis enterré dans le Mount Olivet Cemetery de la ville qui lui a tout donné ou, plutôt, à laquelle il a tout pris, alias Chicago. Le mythe est né. Al Capone n’est plus seulement une figure du crime organisé, c’est l’incarnation du mafieux absolu, celui qui n’a peur de rien ni de personne.
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Plus les années vont passer, plus son image va prendre du galon. On croisera Capone dans Les incorruptibles – la série, puis le film de Brian De Palma, diffusé ce soir en préambule du documentaire d’Arte. On parlera de lui dans les livres, dans la bande dessinée – il est l’un des seuls personnages réels à séduire Hergé, qui le fait apparaître dans Tintin en Amérique -, à nouveau le cinéma (Scarface, Le parrain, Les sentiers de la perdition…), puis encore les séries (Boardwalk Empire, bien sûr, mais aussi Breaking Bad, où le fameux “massacre de la Saint-Valentin” est rejoué dans l’ultime épisode). Un gangster moderne, qui se refait une beauté dans un portrait argumenté d’images inédites et de témoignages clés, où la fascination continue à régner en maître…