

A peu près tous les héros de Scorsese (Jack LaMotta, Howard Hughes…) connaissent des destins bigger than life, mais aussi une chute spectaculaire, cloués au pilori comme le Christ de son éducation judéo-chrétienne qui a marqué le réalisateur au fer rouge. Mais le trader assoiffé de pouvoir et d’argent Jordan Belfort (DiCaprio, génialissime) dont Marty tire un biopic coloré et déjanté, semble totalement dénué de ce sentiment de culpabilité qui l’accable depuis toujours. L’arnaque, c’est le tempérament de Belfort, qui se hisse par la force de son charisme ravageur sur le toit du monde (Wall Street). C’est là que ce film absolument jubilatoire prend un tour inattendu. Comme la célébration déchaînée d’une fête sans limite, le nez plongé dans la coke ou les fesses d’une bombe. Comme si Scorsese, poussant un grand cri libérateur lâchait soudain la bride d’une vie menée dans le contrôle. Certains lui ont reproché de magnifier un homme immoral. Il s’est juste servi de Belfort pour ouvrir grand ses envies de cinéma et nous livrer l’un de ses meilleurs films. A 73 ans, Scorsese est plus jeune que jamais. Et un cinéaste parmi les plus novateurs qui soient.