
Véronique Sanson, sa drôle de vie

Que ne sait-on déjà sur Véronique Sanson que Laurent Delahousse voudrait nous apprendre? Le défilé est pourtant là - sa sœur, son fils, son neveu… - prêt, une fois encore, à retracer l’itinéraire hors normes de cette artiste qui, dès le début des années 70, redistribue les cartes sur la scène de la chanson française et fiche la trouille à celles qui comprennent que plus rien ne sera comme avant. Françoise Hardy, qui a pourtant fait preuve de beaucoup d’audace dans la conception de ses disques, a l’habitude de dire que le premier album de Véronique Sanson, réalisé avec Michel Berger et paru en 1972, est une cassure dans le paysage.
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Personne n’avait jamais osé chanter comme ça, avec ce phrasé, cette intonation, ces ondulations, ces ruptures. À part Barbara mais dans un autre genre, aucune femme n’avait jamais écrit avec une telle lucidité poétique sur les choses de l’amour tout en incorporant l’idée du rock anglo-saxon. Une quête du son qui évoluera très rapidement vers des tonalités plus solaires - californiennes et même brésiliennes. La qualité artistique des premiers albums de Sanson est telle qu’ils continuent à être cités en exemples, certains allant jusqu’à dire que tout a été dit dans les quatre disques qui ouvrent sa carrière - ce que contestent bien évidemment les fans hardcore.
Inné, ce génie qui place Véronique Sanson au-dessus du lot a aussi été malaxé et alimenté par une histoire personnelle décisive dans sa vie et son répertoire. Excentrique dans l’univers du showbiz français, l’histoire d’amour qui la lie à Stephen Stills - celui de Crosby, Stills, Nash & Young - l’amène à fréquenter des musiciens de studio redoutables qui donneront à ses disques une dimension inattendue. L’épisode d’Un jour, un destin insiste sur cette période difficile - et connue - du roman de Sanson qui, à propos de Stephen Stills, a cette très jolie phrase gamine: “Je voulais y aller cinq minutes”. Le portrait démarre sur des images d’archives de Discorama où l’on voit la chanteuse, le sourire en coin, se qualifier de “jeune fille sage”, ce qu’elle ne sera jamais. En fin d’émission, le tête-à-tête avec Laurent Delahousse montre une femme revenue de tout (Christopher, son fils, aborde de front son alcoolisme) mais qui tente encore et toujours de justifier sa rupture avec Michel Berger qu’elle nomme son “jumeau”, son “sorcier”.