Qui a volé Picasso?

Parler d’art à la télévision reste un exercice périlleux, vite qualifié d’”élitiste”. Pour renouveler le genre, France 2 se transforme en Hercule Poirot.

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Un “pol’art”, voilà comment la chaîne définit Trésors volés, dont on pourra découvrir le premier numéro ce soir. Le mot-valise résume bien le concept: raconter des affaires de vol d’œuvres d’art célèbres, en utilisant les codes narratifs des séries et émissions d’enquêtes criminelles. On ne parlera pas ici du vol de la Joconde par des Pieds Nickelés à vélo, ni des toiles dérobées par les nazis des Monuments Men. Le parti pris est d’aborder les histoires récentes. Partir d’un fait divers peut sembler léger comme ancrage, surtout si la mission est d’ouvrir les yeux des téléspectateurs à la culture et au beau. Mais, tout bien réfléchi, la valeur financière et intellectuelle, la notoriété des œuvres et de leurs auteurs donnent du poids au discours des critiques. Un Picasso intéresse le grand public, aussi parce qu’il “vaut cher”. Alors quand il est volé… On le regarde d’un autre œil - ou on le regarde tout court, en fait.

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Autre argument de poids: la présentation du programme est assurée par Olivier Widmaier Picasso, soit le petit-fils du maître. Dès lors, il était évident d’ouvrir la série sur une affaire célèbre: le vol du buste de Dora Maar, survenu en 1999. Ce premier épisode, Où est passée la muse de Picasso? frappe aussi bien par le larcin que les circonstances de sa redécouverte. La statue de 80 kg avait disparu d’un square parisien, une nuit de mars. Elle a ensuite été retrouvée dans un fossé, fin avril 1999, à Osny. Mais l’aventure ne s’arrête pas là: là-bas, personne n’a reconnu la patte du peintre de Guernica. Dora a été nettoyée. On a signalé aux services adéquats la découverte d’un buste en bronze. Personne ne l’a réclamé. Alors le maire RPR, qui l’aimait bien, l’a exposé dans le château qui abrite la mairie. 21 mois. Pas dans un couloir, non, dans le grand escalier, au vu de tous, sans que personne ne tique. On se croirait dans la Lettre volée d’Edgard Poe!

Bilan: ça fonctionne. Au fil du programme, les mécanismes de l’investigation nous ont captivés. Et l’on en a profité, vrai de vrai, pour se rafraîchir la mémoire sur le maître du cubisme. La bonne nouvelle est qu’un deuxième documentaire suit directement l’affaire Picasso. Du grand art.

 

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