
On vous dit tout! Tout?

La référence présente dans le titre du documentaire Messieurs les censeurs, bonsoir! est un peu oubliée mais essentielle. Il s’agit en effet d’un moment de télé de décembre 1971, d’un coup d’éclat qui fit mouche et marqua les consciences. Sur le plateau de l’émission de débats À armes égales, l’écrivain, journaliste et philosophe Maurice Clavel se préparait à jouter avec Jean Royer, homme politique. L’auteur découvre, en live, qu’un passage de son reportage, où il évoquait l’aversion de Pompidou pour la résistance, a été coupé au montage. Colère. Il claque la porte sur ladite formule… Serait-ce encore possible aujourd’hui? Que l’on censure un reportage qui aurait pu faire le buzz? Évidemment non, voyons! Et qu’un invité claque la porte d’un direct? Pas si sûr… Parce que le “vrai” direct, depuis Dieudonné, c’est rare à la télé. La censure, on va le découvrir, elle existe toujours. Elle a simplement changé.
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Pour comprendre, on démarre dans les années 1945, époque où l’État et la politique, en toute franchise et selon des règles claires et établies, filtrent les contenus délivrés au grand public. Au fil du temps, on verra la progression des idéaux de liberté d’expression, l’interdit d’interdire, la parole et l’image qui s’émancipent du pouvoir. Youpi! La parole est libéréééée délivrééée? Le discours ambiant tendrait à nous le faire croire. Le film, et c’est là selon nous son apport essentiel, démontre qu’il n’en est rien. Simplement aux pères la pudeur des ministères se sont substitués d’autres censeurs, issus de la société civile, aux règles floues et aux sanctions arbitraires, omniprésents dans l’art et l’info. Ouvrons les yeux sur cette nouvelle police de la pensée.