
On connaît la chanson

À la fin de La recherche du temps perdu, lors d’un dîner, le narrateur réalise combien les années ont passé. Et combien ce passé, et son propre moi d’autrefois, n’existent plus. C’est en marchant sur des pavés mouillés que lui revient, vivace, vivant, le souvenir d’un voyage et que ressuscitent l’ancien lui, l’ancien monde. La mémoire vient du corps, des sens. Et, ici, de nos oreilles. C’est ce qui nous a happés dans cette émission. Le retour de ces sons oubliés, qui nous transporte dans notre vie d’avant. On se revoit, rieurs mais angoissés quand même, le 31 décembre 1999, attendant le cataclysme du bug de l’an 2000. On revit ce moment où la télé nous a montré les avions percuter le World Trade Center. On entend le craquement du modem 56 k qui télécharge la première musique. On sourit, en retrouvant le MySpace de Lily Allen ou Arctic Monkeys. En retraçant l’évolution beats, c’est la mutation de la société que l’on parcourt. Et qu’est-ce que ça a été vite!
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Des rockeurs dandys à la french touch en passant par l’explosion de la pop et l’invasion des comédies musicales, l’industrie musicale n’a cessé de se réinventer et de subir les assauts de la crise. À l’écran, outre les clips et reportages, on retrouve des artistes de tous bords, qui évoquent ces années-là: Philippe Katerine, Bruno Solo, Vincent Delerm, Kamel Ouali, Superbus, Natasha St-Pier… Balade en nostalgie kitsch, occasion de partager l’histoire de la zique avec les millennials, les raisons de regarder ce programme sont légion. Mais, ouf, pas une seule fois, on ne s’est dit ”c’était mieux avant”.