
Un fiasco poids lourds

Sur le papier, l’idée était évidemment légitime: dans un pays où 86 % du transport de marchandises est effectué par camion, il fallait bien qu’un jour, on tente de limiter les émissions de CO2 et de particules fines. En 2007, le gouvernement français propose donc de mettre en place une “écoredevance” qui obligerait le transporteur routier à payer une taxe par rapport au nombre de kilomètres parcourus. Et, promis, l’argent récolté serait ré-injecté dans le développement de frets moins polluants, comme le transport fluvial ou le train. Les citoyens français n’y voyaient pas trop d’inconvénients. Les responsables politiques non plus. Même la Fédération nationale des Transports routiers était prête y mettre du sien…
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Que s’est-il passé, dès lors, pour que l’écotaxe se transforme en fiasco national? Pourquoi donc, en octobre 2014, la mesure sera purement et simplement abrogée? Comment l’État français s’est-il retrouvé avec un coût de résiliation d’1,2 milliard d’euros, au point de devoir faire payer… l’automobiliste afin de renflouer ses caisses? Pourquoi la France a-t-elle grondé au point de ressortir ses bonnets rouges enterrés depuis Louis XIV? Ce sont les questions que se posent le magazine Le monde en face qui, avec le recul, possède des yeux suffisamment éclairés pour s’autoriser une autopsie rigoureuse. Les rebondissements ne manquent pas. Et pour le téléspectateur belge, l’histoire reste d’autant plus captivante que, chez nous, une écotaxe poids lourds (pour les camions de plus de 3,5 tonnes) a été mise en place il y a un peu plus d’un an. Là aussi, la colère fut de la partie. Mais disons que notre Royaume a finalement beaucoup moins tremblé que la République d’à côté…