
À son étoile

Il disait que l’homme devait toujours marcher le front vers le soleil, pour que celui-ci, en le brûlant, le marque de sa dignité. Si l’homme baissait la tête, il perdait cette dignité. Ainsi avançait le Che, les épaules droites et le béret aux aguets, convaincu qu’un jour, il deviendrait un modèle pour les générations à venir, une sorte d’homme nouveau qui servirait de guide au monde entier. L’humilité, il ne connaissait pas. Ernesto Guevara, médecin argentin transformé en révolutionnaire par Fidel Castro, carburait à la fierté et aux valeurs qu’il s’était inoculées dès sa jeunesse, après avoir traversé l’Amérique latine à motocyclette et papoté durant de longues journées avec les peuples opprimés. Il était façonné pour la rébellion et conscient de son image, bien avant que son célèbre portrait - réalisé à La Havane en 1960 par le photographe Alberto Korda - fasse de lui le guérillero préféré des tee-shirts et des chambres d’ados.
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Comment le mythe est-il né? Retour aux sources, ce vendredi, apporte des réponses tout en nuances, explorant le destin fascinant d’un homme qui, le 9 octobre 1967, était assassiné par l’armée bolivienne et exposé dans toute la presse américaine comme un trophée. Une tentative, pour les États-Unis, de tuer définitivement un ennemi juré, en ne laissant de lui que l’image d’un corps criblé de balles. Mais ce jour-là, il est déjà bien trop tard pour effacer l’homme qui, après avoir passé sa vie à marcher le front vers le soleil, a été marqué à jamais par le sceau de la dignité et de la gloire. Personne, alors, n’est plus capable de brûler le symbole ultime que le Che est devenu, et encore moins son pouvoir de fascination qui, au fil du temps, gagnera toujours plus en puissance…