
La vérité est ici

Le pitch fait immédiatement penser à Rencontre du troisième type de Spielberg. Des extraterrestres ont envahi la terre. Entre peur et incompréhension, les responsables de la planète bleue se demandent à quelle sauce ils vont être mangés. Comme le spectateur, qui s’interroge sur la manière dont Villeneuve (Blade Runner 2049 actuellement à l’affiche), cinéaste fortiche et extrêmement polyvalent du moment, va pouvoir imposer sa patte dans un genre que le papa d’E.T. domine encore de la tête et des épaules.
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Des humains et des envahisseurs donc. Mais il faut encore trouver le moyen de se comprendre. Le docteur Louise Banks (Emmy Adams, écorchée, mais volontaire), éminente linguiste, est mise sur l’affaire et s’introduit avec une petite tripotée de spécialistes dans l’immense forme noire en lévitation. Leur but? Déchiffrer le langage et surtout découvrir les intentions de ces visiteurs d’ailleurs.
Lorgnant sans vergogne sur le monolithe de 2001, l’odyssée de l’espace, Villeneuve ne cache pas son ambition artistique. Mais il sait qu’il ne peut rivaliser avec Kubrick sur le questionnement métaphysique. De toute façon, ce qui l’intéresse, c’est l’humain, ici et maintenant. Comme l’héroïne de Sicario, Banks se donne corps et âme dans sa recherche sur l’envahisseur pour décrypter en réalité son propre monde intérieur. Ces vaisseaux qui ont envahi la Terre sont l’allégorie de sa vie brisée par le deuil. Si le film emprunte volontiers les voies apparemment disparates de la science-fiction, du mélodrame et du thriller, c’est pour nous parler de nous. Et d’une Terre au bord de la fin du monde si l’on n’y prend garde (Villeneuve renvoie en effet subtilement aux complexes et dangereux enjeux internationaux auxquels nous sommes soumis aujourd’hui).
Synthétisant le monde froidement complexe de Kubrick et la douceur spielbergienne, le cinéaste canadien, en plus de nous offrir un divertissement de haut vol, nous apporte quelques clés sur nous-mêmes. Et de bonnes raisons d’espérer encore. Fascinant.