
Quand le boss se fait passer pour un employé

Lionel Desclée, boss de l’enseigne d’animalerie, devient “Rudy”, un futur franchisé luxembourgeois qui visite des enseignes pour un concours télé. Fini le costume et le rasage au poil, Rudy porte la barbe, les cheveux en bataille, des lunettes, un tatouage dans le cou et un piercing. Commentaire au passage, il est vachement plus jeune et plus sexy, en Rudy. Le patron undercover s’immerge dans le quotidien de trois de ses points de vente, à Sint-Pieters-Leeuw, Douai et Rambouillet. Il y rencontre systématiquement un employé en particulier. Là, le boss observe ce qui va, note aussi quelques points à améliorer (aïe)… Arf, son tatoo décalcomanie manque d’ailleurs de le faire démasquer! Les dialogues sont riches et télégéniques. Le film est sympa, le montage est sympa, la réalisation est sympa, les gens sont sympas, le businessman est sympa mais… le concept est puant.
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Patron incognito est une farce cruelle, jouée aux dépens des plus faibles. Rebaptiser Lionel en Rudy est insultant. On a froid dans le dos à s’imaginer victimes de la même supercherie. Que se serait-il passé si le vendeur intérimaire avait ronchonné sur l’entreprise? On veut croire qu’ils ont été briefés avant tournage mais quand même… Et quel malaise de voir Lionel Desclée de Maredsous, vrai bon gars on le répète, s’émouvoir lorsque Lucas, son salarié, lui explique qu’il est coincé dans un statut précaire parce qu’il n’a pas eu les moyens de faire des études. Comment cette faillite de l’ascenseur social ne fait-elle pas rougir de honte les puissants sortis du Mariage de Figaro? Certes, à voir son C.V., Lionel Desclée a bossé… Mais il est né dans la bonne famille. Pas Lucas. Patron incognito, un divertissement qui nous fait voir rouge.