
Liar, la nuit du mensonge

Point de départ. Laura, institutrice, passe un charmant dîner en tête à tête avec Andrew, chirurgien, père d’un de ses élèves, collègue de sa sœur. Seulement au réveil, c’est le cauchemar. Laura a été violée. Elle passe des examens médicaux puis se rend à la police pour porter plainte. Andrew tombe des nues. Selon lui, il y a effectivement bien eu une relation intime… Mais librement consentie. L’enquête démarre, traîne. Laura n’en peut plus et dénonce l’agression sur les réseaux sociaux. C’est l’engrenage, la spirale. L’affaire déteint sur toutes les sphères des deux protagonistes. Qui croire? Durant six épisodes, les scénaristes diaboliques jouent au chat et à la souris avec les nerfs des téléspectateurs, en multipliant les flash-back, les révélations, les affirmations, les mensonges, les scènes rejouées suivant les points de vue.
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Ce sens consommé du suspense a payé: le drame a fait un carton d’audience sur la chaîne ITV en septembre. Au point qu’une deuxième saison est d’ores et déjà annoncée. Reste que la diffusion d’une intrigue à ce point d’actualité laisse perplexe. D’un côté, la fiction reste un moyen efficace de soulever le débat. Les personnages sont assez subtilement caractérisés (et interprétés) pour laisser transparaître ce qui se joue derrière leur opposition. Le chirurgien de renom contre la petite institutrice. Le séducteur contre la discrète. À chacun ses forces et ses faiblesses, à chacun ses arrangements avec le vrai. On avoue toutefois que le contexte, cet air du temps qui chaque jour charrie des paroles de femmes blessées, qui se battent pour être enfin entendues, souvent en vain, colore bizarrement le pitch de Liar. Même si l’on se laisse prendre par les habiles ficelles scénaristiques, on n’a pas trop envie de se distraire avec une série qui fonde son argument sur la mise en cause du vécu d’une victime.