
Stand By Me: leçon de vie

“De toutes les adaptations ciné de mes romans, Stand By Me est la seule que j’aie vraiment aimée, même si Rob Reiner a fait de Gordie Lachance le héros de l’histoire”, a dit Stephen King à la sortie du film il y a de cela trente ans déjà maintenant. Et de fait, comment ne pas succomber devant ce conte initiatique, bercé par le tube planétaire de Ben E. King, où quatre petits gars vont progressivement perdre leur innocence en marchant à la recherche du cadavre d’un gamin de leur âge fauché par un train?
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1959. Gordie vit dans l’ombre d’un grand frère mort trop tôt, Chris ne peut se défaire d’une image faussée de délinquant, Teddy a été bercé un peu trop près du mur par un père à la main leste, mais gare à qui se moque de sa famille! Et Vern… Vern, c’est le petit rondouillet naïf, le brave bouc émissaire de la bande. Mais ces quatre-là s’aiment à la vie à la mort et vont trouver dans leur amitié un refuge contre les coups durs du monde. Une amitié dont Chris et Gordie surtout savent secrètement dès l’entame de leur périple qu’elle constituera leur dernière grande aventure avant de grandir. Et quelle aventure!
Abandonnant pour une fois le surnaturel et l’horreur, King raconte d’authentiques souvenirs d’enfance et c’est ce qui rend son récit à la fois unique et intemporel. Car même s’il marche sur les traces de Twain et des pionniers de l’Amérique mythique, ce road-movie est taillé dans la mémoire adolescente collective: tous, sans exception, nous avons été ces gamins. Qui se poilent à dire des gros mots, se chambrent en se pinçant le nez, se rabibochent tendrement et surtout aiment jouer à se faire peur en s’enfonçant loin dans les bois.
Du riche matériau de King et avec l’aide de petits acteurs sublimes (dont le regretté River Phoenix, frère de Joaquin), Reiner (Princess Bride) tisse un des plus beaux, des plus drôles et des plus émouvants récits d’adolescence jamais vus au cinéma.