Les racines du blues

Les gardiens du temple tentent de prédire l’avenir du blues dans un docu flirtant avec l’ethnographie.

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I Am The Blues, c’est une chanson en anglais de Johnny qui allie un rythme tout sauf blues à un accent en frigolite. Mais c’est aussi le titre d’un film du cinéaste québécois Daniel Cross sorti en 2015 et qui nous arrive enfin via Sundance. Il a été traduit en français par Les démons du blues et, pour une fois, les traducteurs ont fait leur job car il n’est pas ici question des grands Muddy Waters, Howlin’ Wolf ou Skip James. Plutôt que de revenir sur la naissance du genre, Daniel Cross préfère aller à la rencontre de ceux qui animent les bayous du Sud depuis soixante ans et qui représentent la survie du style musical qui a engendré tous les autres. Bobby Rush, Barbara Lynn ou Lazy Lester (photo) grattent encore un peu sous les pergolas des juke-joints du Mississippi et de Louisiane, ces temples du blues perdus dans les quartiers noirs où les Afro-Américains dansaient, chantaient et jouaient. Doigts abîmés et rides profondes trahissent l’âge des sages, mais le souffle est encore puissant. Tous fixent leur guitare comme ils regardent le money maker des serveuses et la bière qu’elles font voyager d’un bout à l’autre du comptoir.

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S’il est difficile de trouver quelque chose de plus satisfaisant que d’entendre le mot “blues” raisonner dans la bouche d’un de ses vieux démons, le film, à travers son montage constitué de rencontres statiques et d’extraits musicaux, se rapproche du travail ethnographique et se destine peut-être un poil trop aux initiés qui maîtrisent les codes d’un genre musical immortel. Ce qui n’était pas, a priori, l’intention de Daniel Cross..

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