

Le scandale des bébés volés démarre en Espagne dans les années 40. Sous l’impulsion d’un psychiatre proche du pouvoir, Franco décide de littéralement voler les enfants des ménages républicains. Le médecin Antonio Vallejo Nágera estime que vu les liens étroits entre marxisme et infériorité mentale, il est du devoir de l’État espagnol de confier ces bébés à des familles adoptives franquistes. Nul besoin d’insister sur le manque total de fondement scientifique de ses affirmations mais il n’empêche que Franco se retranchera derrière les demandes du docteur Vallejo, et placera ces enfants au sein de milliers de familles acquises à sa cause politique, annonçant aux mères que leur bébé n’a pas survécu. Il reste néanmoins difficile de déterminer si ces familles étaient au courant de la machination.
Quoi qu’il en soit, la complicité de l’Église dans ce scandale d’État est reconnue mais elle ne s’arrête pas là. Si Franco meurt en 1975, les couvents catholiques continuent le trafic jusqu’en 1987. En tout, ce sont plus de 300.000 bébés espagnols qui ont été arrachés à leurs parents biologiques, au nom d’une idéologie basée sur des théories farfelues d’abord, pour n’être qu’une simple source de revenu en faveur de l’Église ensuite.
Les langues se délient doucement, alors que la presse et la télévision commencent à s’emparer du sujet. C’est ainsi que l’on retrouve une Sandrine Bonnaire au sommet de son art, en mère courage découvrant le cercueil vide de son enfant. Le téléfilm du Belge Alain Berliner ne révolutionne pas le genre “parents biologiques à la recherche d’un enfant d’abord réticent” mais il a le mérite de servir de porte d’entrée vers un sujet qui risque de faire beaucoup de bruit dans les années qui arrivent, déchirant une Espagne en quête de vérité et de justice.