Speakerine, plus qu'une série

Marie Gillain joue la speakerine de la RTF et prouve que les femmes ne sont pas ces potiches convenues par les hommes.

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En cette période de mutation et de quelques déconvenues pour l’unité de fiction de France 2, Speakerine arrive enfin à l’antenne. La mini-série, tournée l’automne dernier, est un projet de longue date pour le service public. Ramassée en six épisodes, Speakerine (re)plonge dans l’univers de la télévision unique des années 60. Dans cette France rétro, Christine Beauval (Marie Gillain) est une petite célébrité, qui s’invite dans les foyers à travers la petite lucarne. Chaque jour, la speakerine de la RTF annonce les programmes télévisés aux Français. Derrière l’image policée en noir et blanc du téléviseur, la couleur du réel révèle les guerres de pouvoir.

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Christine est le visage féminin de l’époque. Mère de deux enfants et mariée à un dirigeant de la chaîne (Guillaume de Tonquédec), nommé à la tête de la Mondovision et protégé du général de Gaulle, qui aime à lui rappeler qu’il ne fait que tolérer sa vie professionnelle. Mais l’héroïne semble bien trop gourmande au regard de ce monde machiste. Christine Beauval a des ambitions. Elle se rêve autrement que cette potiche que l’on veut faire d’elle. Quand elle sort du cadre, les menaces apparaissent…

À l’image des fictions françaises, il semble difficile de sortir du genre polar dans ce pays. La série pose une arche policière pas nécessairement bienvenue. Hormis les problématiques soulevées liées aux droits des femmes, Speakerine trouve un réel intérêt dans son évocation politique, sur fond de guerre d’Algérie et de barbouzeries de l’OAS. Les relations tenues entre médias et pouvoir résonnent particulièrement à notre actualité contemporaine. On rappelle alors que Charline de Lepine était aussi la coproductrice des Hommes de l’ombre. Esthétiquement, la série est une réussite. La musique, le générique et leurs références y font beaucoup. Enfin, à n’en pas douter, Marie Gillain porte la série et on la suit avec plaisir.

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