
Doc Shot : collectionner l'Histoire

Il existe des collections de toutes sortes mais celle d’Arthur Langerman entraîne un certain malaise dès qu’il détaille ses projets d’en faire une exposition. Ce collectionneur compulsif, qui a innocemment commencé par les bandes dessinées et les timbres durant l’enfance, s’est un jour donné pour mission de comprendre ce qui constituait l’antisémitisme. Cette “passion” est apparue lorsque la Shoah et la déportation de sa famille durant la Seconde Guerre mondiale se sont définitivement implantées dans son esprit. Depuis, elle a totalement éclipsé le reste de ses collections pour devenir une obsession. En trente ans, le diamantaire belge a accumulé plus de 7500 objets et images à caractère antisémite, faisant de lui le détenteur de la plus grande collection du genre. Devenu progressivement l’esclave de son fanatisme, il reconnaît sans détour qu’il en a perdu le contrôle. Mais il continue, inlassablement, à vouloir compléter sa bibliothèque, toujours à l’affût dans les salles de ventes ou sur le Darknet.
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Son vœu le plus cher serait d’exposer l’ensemble de ses recherches. On lui propose régulièrement d’en sortir une partie de ses cartons pour mettre en place des expos temporaires mais il refuse, arguant sans cesse que sa collection est un organisme qui n’a de sens que s’il est pris dans sa globalité. Devant le scepticisme auquel il se fracasse depuis des années, il se bat pour faire reconnaître son patrimoine. À travers la lubie d’un homme touchant et impressionnant de lucidité malgré les nombreuses critiques qui entourent son travail, c’est la question de la limite du devoir de mémoire qui se pose. Pas habitué à dessiner des portraits mais plutôt à aborder le monde de manière générale et via les grands événements, Doc Shot propose ce jeudi un document à taille humaine, prouvant que ce sont les petites histoires qui font la grande.