François Damiens prend le taxi de Jérôme Colin

Certes, aujourd’hui, François Damiens est devenu un comédien qui impressionne et passionne les réalisateurs de l’Hexagone, grâce à sa faculté de zigzaguer entre sa belgitude assumée et sa sensibilité incarnée avec sincérité. Et bien sûr, du coup, le gaillard n’a déjà plus grand-chose à prouver, après avoir tourné dans des films nommés Dikkenek, OSS 117, Taxi 4, Le Petit Nicolas ou La famille Bélier. N’empêche, il ne faudrait pas oublier que tout cela est complètement dingue. Que tout cela est énorme quand on se souvient de ce bon vieux François l’Embrouille qui, doté d’un sens inouï de l’improvisation et d’un don précieux pour cerner ses proies en quelques phrases, a connu la gloire en s’adonnant à l’exercice – hautement délicat – de la caméra cachée. Une discipline sur laquelle il a laissé des traces indélébiles. Qui d’autre, depuis ses frasques, s’y est risqué? Et qui donc le surpassera? La question n’est pas si mauvaise…

L’avantage, avec François Damiens, c’est qu’il ne change pas vraiment. Il aime toujours surgir là où on ne l’attend pas forcément. Sans doute grâce à Éric et Ramzy, qui ont été piégés par l’Embrouille avant de souffler son nom à Michel Hazanavicius qui planchait justement sur OSS 117. Sûrement grâce à sa… belgitude, qui l’empêche de prendre les choses trop au sérieux et qui l’a convaincu, il y a peu, de mettre en boîte son premier long métrage avec la complicité de Benoît Mariage (from Strip-Tease), réalisé entièrement en caméra cachée – tiens donc. Mais là où le père Damiens est très fort, c’est qu’il parvient à rester discret sur tout le reste. Sa famille ou sa passion pour la navigation en solitaire, par exemple. Qu’il évoque dans le taxi de Jérôme Colin avec l’humilité et le regard espiègle qui ne le quitteront jamais, conscient qu’un jour, le vent tournera sûrement. Et quand on sait que le vent tourne, vers où faut-il s’empêcher de voguer?