La case du siècle : football, arme du KGB

Pendant des années, le féroce homme d’État a tenté de faire perdre au football son indépendance naturelle.

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Le football a mis du temps à se faire une place auprès du peuple russe. Le gouvernement voyait en effet d’un mauvais œil cette pratique qui échappait à son contrôle et fabriquait des stars, sources d’ennui pour le pouvoir. Au détour des années 1920, Staline prend néanmoins conscience du rôle que peut jouer le football dans l’éducation et la civilisation de la population. C’est dans cette optique que le Dynamo Moscou est créé et soutenu par l’État en 1923 pour préparer physiquement les prochaines recrues de l’armée.

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Dans la foulée de la création de l’URSS, d’autres républiques connaissent elles aussi l’émergence du foot, comme la Géorgie et son Dinamo Tbilissi, véritable joujou de Lavrenti Beria, le secrétaire du Parti communiste géorgien et futur directeur des services secrets de Staline. Il fait bâtir un stade à son nom dans la capitale pour obtenir le soutien de la population tout en cherchant à faire oublier les horreurs qu’il a commises – il est responsable de la mort de 10.000 opposants. Sa politique d’instrumentalisation du football amène Beria à transférer Boris Paichadze, attaquant-vedette de l’époque, après l’avoir menacé d’envoyer son père au goulag en cas de refus. Utilisé comme outil de propagande, Paichadze jouera notamment son propre rôle dans un film retraçant l’histoire du Dinamo.

Par moments, le football parvient tout de même à échapper aux griffes du pouvoir soviétique. Le Spartak Moscou, qui ne reçoit aucun soutien officiel, en est un exemple, lui qui empoche trois championnats d’URSS de D1 et deux Coupes nationales entre 1936 et 1939. De quoi susciter l’engouement d’une frange de la population qui voit à travers les matches entre le Spartak et le Dynamo le moyen d’exprimer son opposition.

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