
Retour aux sources : qui sont les vrais sauvages ?

C'est sur un pan particulièrement peu glorieux de notre Histoire que s'attarde le Retour aux sources de ce soir. Celui des zoos où des êtres humains venaient en lorgner d’autres. Alors que l'on fête les soixante ans de l'Expo 58, comment oublier qu'ils en étaient l'une des attractions phares? Au total, à travers les expositions universelles et coloniales, plus d'un milliard et demi de personnes ont un jour visité un zoo humain. Participant à asseoir la hiérarchisation des races, ils sont un outil de justification de la colonisation. Beaucoup d'Africains évidemment, mais pas uniquement. Ces “sauvages” sont ramenés de force des quatre coins du monde, comme des animaux, et sommés de se mettre en scène pour divertir et émerveiller les badauds occidentaux.
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Réservée pendant longtemps à l'aristocratie, l'exhibition de peuplades exotiques se diffuse au 19e siècle à travers les foires, tavernes et cirques pour brasser un large public populaire. Elle se couple aussi à ces célèbres freak shows, où des gens considérés comme des monstres défilent sur scène. Mais rapidement, les zoos développent leur propre fascination auprès du public. On estime que depuis le 19e siècle, plus de 35.000 hommes et femmes ont été réduits à l'état d'attraction même si l'Histoire se donne du mal pour l’oublier. Européens, Américains ou Japonais, le film n'épargne personne et ne fait aucun cadeau à ces”pays civilisés” dont le sentiment de supériorité est inscrit dans l'ADN. Narré par Abd Al Malik et drivé par Lilian Thuram, le documentaire réhabilite une vérité dérangeante et tente de comprendre ce que le racisme d'aujourd'hui doit à ces pratiques. Son aspect en chapitres chronologiques donne encore un peu plus de force à un récit déjà puissant de par les archives qu'il dépoussière.