

"Ce n'est pas une question de sexe. C'est une question de pouvoir.” Elles sont nombreuses à raconter, face caméra et dans les détails, ce qu'elles ont subi au contact d'Harvey Weinstein, qu'il ait eu la peau de leur carrière ou non. Du pouvoir, Weinstein en avait. Respecté pour ses talents de producteur et craint pour ses excès de colère, il faisait la pluie et le beau temps à Hollywood. Si sa boîte et ses films pesaient 81 Oscars, ils n'ont jamais compensé son besoin de sentir le pouvoir qu'il voulait exercer sur les femmes. Produit par la BBC, ce documentaire revient avec précision sur le scandale qui secoue le septième art depuis la parution des papiers du New York Times et du New Yorker en octobre 2017 et qui voit encore chaque semaine sortir son lot de révélations. Mais il ne se contente pas de décomposer la chute vertigineuse de l'un des hommes les plus influents du cinéma américain, il dévoile également les coulisses du réseau qui a permis à Harvey Weinstein d'éviter les fuites.
C’est là que se situe l'intérêt tout particulier du film diffusé par Doc Shot. Parce que la première question que tout le monde s'est posée lorsqu'a éclaté l'affaire Weinstein et qu'a plu une quantité invraisemblable de témoignages de victimes du magnat hollywoodien, c'est comment ces pratiques ont pu rester confidentielles aussi longtemps? À l’instar du cycliste Lance Armstrong, qui avait installé un climat de terreur pour garder secrètes ses années de dopage, Harvey Weinstein a pu, grâce à l'aide irresponsable d'avocats, de détectives et de journalistes, agir impunément durant plusieurs décennies. Depuis un moment, certains s'interrogeaient sur sa volonté de rester dans l'ombre malgré un succès retentissant. Avec le recul, on comprend que c'était indispensable à sa petite entreprise.