
Les secrets des documentaristes belges

La Belgique francophone regorge de documentaristes de talent. On aime regarder leur travail. Encore faut-il comprendre la démarche qui se cache derrière. C’est justement ce que se propose d’élucider Hadja Lahbib durant l’été en interrogeant les réalisateurs qui comptent en Fédération Wallonie-Bruxelles. Au cours d’un entretien entrecoupé d’extraits de films, elle tente d’appréhender ce qui motive ces auteurs du réel, leur réflexion sur la manière de restituer leur part de vérité.
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Yaël Andrée et Jérôme Le Maire, respectivement Magritte du documentaire en 2015 et 2018, se sont déjà ouverts à Hadja Lahbib. Dans ce nouveau numéro, c’est au tour de Claudio Pazienza de livrer une part de ses secrets et de donner les clefs de ses techniques de montage éclaté, construit en plusieurs fils narratifs, mélange d’instants intimes, d’humour, d’interviews sérieuses et d’expériences communes. Né en Italie avant de rejoindre la Belgique avec sa famille à l’âge d’un an (ses parents, Carlo et Gina, apparaissent dans la plupart de ses films), le réalisateur de Scènes de chasse avec un sanglier et Archipel nitrates est de ces cinéastes qui n’hésitent pas à se mettre eux-mêmes en scène. Il assume ainsi un regard subjectif et partial sur le monde. Car pour lui, la caméra n’est pas un instrument neutre, sans effet sur ce qu’elle observe. Dans le travail de Pazienza, les images interrogent le réel, qui n’est en rien un récit cohérent, et font appel à l’intelligence du spectateur.
Pendant vingt minutes, Hadja Lahbib ne questionne pas seulement un technicien de l’image mais aussi un analyste digne de la sociologie ou de l’ethnologie qui utilise l’image. Entre le travail artistique et scientifique, entre l’autofiction et le documentaire, Pazienza explique de quoi sont faites les lunettes avec lesquelles il regarde le monde.
Pierre Poulain (st.)